S'il est difficile de distinguer le génie de l'heureux accident, Donnie darko est sans aucun doute dans la deuxième catégorie. Film au budget médiocre tourné en 28 jours, Donnie darko parle en vrac de la fin du monde, du destin, des voyages dans le temps, le tout sous fond de teen movie dans le contexte politique de 1988.
En vrai Donnie darko a tout pour tomber dans le faussement deep le plus crade (définition ici : http://textup.fr/162359hW) et en soit, il l'est... Si on se réfère l'histoire prévue par le réalisateur... et pourtant dans le film original... Ca marche !
Pourquoi ça marche ? Tout simplement car la partie "surnaturelle" du film est constamment sur le fil du rasoir entre l'incompréhension complète et la juste dose d'explication pour qu'on puisse suivre de façon posée. En gros, on ne comprends pas trop, mais la curiosité est piquée à vif et il ya assez d'infos pour qu'on dresse soi-même une intrigue dans sa tête.
Voilà le point du fort du film, l'ambiguïté. Il donne des indices, des thèmes, mais ne les explicite pas, ni ne les jette en pâture pour frimer... Un esprit feignant pourra tout aussi bien délaisser cela en disant "le héros est fou" mais quelqu'un de plus enthousiaste fera marcher son imagination et reconstruira le puzzle comme il le souhaite avec un second visionnage. Personnellement, j'ai trouvé le theme du destin très très bien abordé.
Les qualités du films sont magnifiées lors d'une scene en particulier, celle du cinema. Il y a très peu de mot, juste une ambiance entre le mystique et l'horreur. Quelques phrases échangées, toutes extrêmement bien pensées, qui ne disent pas grand chose en soi, mais font carburer l'imagination à toute allure.
Eh bien toutes ces qualités s'effritent dans la version longue du film, ou les explications du réal qui explicite son histoire, voir le site dédié. L'histoire mystérieuse et brumeuse pleine de promesse devient à nouveau l'un de ces scenarios voyage dans le temps, peut-être bien fait, soit, mais avec tous les défauts inhérents au genre (l'inutilement compliqué par exemple) gardez-vous bien de vous gâcher le film avec ça. On voit donc bien que le réalisateur n'a eut qu'un bref coup de chance et qu'une fois le budget suffisant accordé, il laissa libre cours à toutes ses folies, aussi futiles soit-elles (southland tales, le faussement deep à l'état pur), voilà pourquoi restreindre les artistes ça donne des merveilles parfois.
Sinon la partie teen movie est très correcte aussi, mais je n'ai rien à dire de plus, ça reste un slice of life avec un perso un peu "autiste" sur fond de zone suburbaine ricaine. Je n'irai pas dire que Donnie darko est excellent, mais il est définitivement très très bon et les passages avec Frank font partie de mes moments préférés du cinéma (surtout en VF avec cette voix caverneuse et terrifiante)