Donnie Darko 2 : L'Héritage du sang par 0eil

Plongeons-nous dans un monde d'imaginaire un court instant. Si l'on m'avait demandé "Tiens, tu pourrais écrire un script pour la suite de Donnie Darko", j'aurais, bien entendu, refusé. Et pis, peut-être que je me serai dit que finalement, un film sur la soeur de Donnie avait, quelque part, son intérêt. Après tout, cela permettait d'aborder des thèmes différents : la vie dans l'ombre d'un frère disparu, figé dans l'esprit d'une jeune fille comme le frère idéal, déformé par le prisme du fantasme. Et puis, qui sait, elle aurait pu être la proie du personnage de Patrick Swayze entre les deux films, auquel cas, on aurait eu une réflexion sur la quête d'identité, sur le traumatisme de ce genre d'expérience, mais sous le projecteur de l'absence de Donnie. Enfin, on aurait pu tisser un personnage complexe tout en s'éloignant de la mythologie mis en place par Richard Kelly. Cela aurait doublement intéressant : le personnage se construit en confrontation à Donnie, et justement, les spectateurs auraient cherché l'ombre de ce grand frère time traveler, ce qui aurait permis de filmer son absence à l'écran, à travers les errances d'une Samantha qui se cherche, essaye de comprendre qui il était et qui elle est. Si jamais un producteur s'était avisé de demander du délire et de l'étrange, après tout, on avait suffisamment de choix dans la collection des effets visuels pour coller à Samantha Darko une tripotée d'hallucinations sans faire trop redites : par rapport à sa situation, par rapport à l'identité sexuelle, sa construction en rapport à un hypothétique abus, à un frère idéalisé, au manque d'attention de parents désœuvrés.

Samantha Darko aurait pu être un personnage fascinant, à mes yeux.

Au lieu de cela, Sam est une jeune fille plutôt bonnasse qui se balade régulièrement en pyjama extrêmement court et voit Franck, le messianique lapin imaginaire de son frère, qui, en réalité, est le fils de la femme du premier volet qui a écrit cette bible sur le voyage dans le temps, livre que Sam possède. Et d'ailleurs, son prétendant est infecté par une météorite et le prêtre est un pédophile et... Bon, vous l'aurez compris, le scénario est une compilation foutraque et sans âme d'éléments disparates piqués autant au métrage de Kelly qu'à d'autres productions à velléités hermétiques. Tout ne tient que par la plastique de son héroïne, à qui on a demandé un jeu le plus minimaliste possible en pensant que minois inexpressif était synonyme de folie latente. Pour se conclure sur une fin du monde total foutraque, mais évitée, heureusement, par la mort d'un personnage, sans qu'il n'y ait aucun rapport entre cette apocalypse et le personnage en question. Ben si. Parce qu'on peut très bien singer littéralement Donnie Darko, sans la moindre once de talent et le moindre scrupule et le sortir en dvd.