Y a des fois, lorsqu’on se retrouve avec un peu plus d’argent que prévu, il est possible qu’on le dépense un peu inutilement, qu’on achète des conneries, des choses dont on n’a pas forcément besoin…
Toute proportion gardée, c’est ce qu’a fait Neil Marshall avec l’argent ramassé suite au succès de The Descent. Il nous a pondu ce foutoir.


Je vais un peu spoiler.


A Glasgow, le très mortel et contagieux « virus du faucheur » fait énormément de victimes. Il finit bien sûr par se répandre et c’est toute une moitié de l’Ecosse qui est mise en quarantaine, entourée par un mur : personne ne rentre et surtout, personne ne sort.
S’en sort une petite fille qui, à l’aide d’un soldat passe du côté clean et qui finit, 30 ans plus tard, par devenir une sorte de flic, ou de commando, ou de marine… Bref, elle a un flingue et le droit de s’en servir.
Elle devient forcément la fille au lourd passé, qui ne rigole pas, qui ne parle pas, qui n’a pas sentiments, et qui n’a jamais de clope. Autant vous dire que le spectateur empathise déjà sévère.
Donc le virus finit par réapparaitre à Londres, la ville est elle aussi mise en quarantaine. Le gouvernement décide d’envoyer la superflic à la tête d’un commando dans la zone infectée de l’Ecosse parce qu’il y a des survivants. Donc s’il y a des survivants il faut trouver le scientifique Kane, parce que c’est lui qui bossait sur un remède avant la mise en quarantaine.


Notre belle équipe qui comme d’habitude, comporte : une jolie fille, un ingénieur-bricolo-technicien qui sort des vannes de cul, un branleur crâne rasé qui mâche des chewing-gums et qui «aime l’action», et un mec moins con qui s’attache au héros et qui finit par crever (comme tous en fait mais ça suit plus ou moins cet ordre généralement) arrive donc dans la zone infectée et découvre que les survivants sont plutôt nombreux et agressifs.


En effet, le punk à chien est devenu l’espèce dominante de ce côté du mur. Il crie, il brûle, il tranche, il crie, il mange des hommes, il aime les ustensiles SM, et il crie.
Mais honnêtement c’est le seul truc que j’ai aimé dans ce film, le style New Wave/punk des habitants, les décors qui à certains moments sont assez réussis. Dans l’ensemble le post-apo est très correct, ce n’est pas le problème.


Non le problème c’est que tout est pompé, repompé, usé et rongé jusqu’à l’os. Marshall ne sait visiblement pas faire la différence entre un hommage, une référence cinématographique et un copié/collé bête et con. Mais j’y reviendrai.


Les survivants du commando qui sont à présent au nombre de trois, finissent par quitter les punks à chien et partent à la recherche de Marcus Kane, puisqu’il est finalement vivant. Après une poursuite qui est identique à celle du Seigneur des Anneaux dans la Vieille Foret, les Cavaliers Noirs finissent pas encercler les 4 rescapés (oui parce qu’il y une fille en plus) et les amener à Kane.


Et surprise, le grand «scientifique capable d’éradiquer le virus» est devenu un seigneur chevalier.
Il vit dans son petit château, sur son petit trône avec ses petits gardes, tous dans leur petite armure avec leurs petits écuyers…
C’est complètement débile, mais bon passons. Il vit comme au Moyen Age, il faut donc penser comme au Moyen Age. Au diable la logique, la raison et toutes ces conneries ! Kane leur sort alors un discours sur le fait qu’ils ont «un sang pur et sur le rejet des peuples extérieurs qui risqueraient de les souiller». La dernière fois qu’un mec a dit ça a mal finit il me semble, mais bon, continuons.
C’est de plus en plus con décidément. Impossible ne pas sortir du film à ce moment-là, un scientifique qui devient un taré, ce n’est pas exceptionnel en soi ; mais le mec à quand même réussi à se créer son domaine avec la ville médiévale et tout.
Et l’aspect anachronique des soldats en bottes, armés de flingues face aux chevaliers avec leur lance/bouclier ne prend pas du tout. On sait qu’ils ne sont pas dans le passé c’est même en 2034 putain, on a donc juste l’impression de voir une bande de neuneus déguisé en chevaliers. C’est tout bonnement ridicule.
Bon on apprend qu’il n’y a pas d’antidote, les survivants de la zone rouge sont immunisés naturellement (d’où les «humains au sang pur»).


Après un bref combat en arène contre un gladiateur (bah oui), le gentil soldat meurt Boromir-style avec trois flèches, même gestuelle etc… Plan par plan, la scène est repompée à l’identique. Même l’archer prend les mimiques de l’Uruk sans déconner… Et c’est limite si le soldat ne dit pas «je vous aurai suivi ma Reine» avant de tomber…
Du Seigneur des Anneaux, on passe à Mad Max 2, avec cette fois-ci la même course poursuite. Ah non pardon, le même méchant ne reste pas accroché au pare-chocs du camion-citerne mais à celui de la voiture. Je suis mauvaise langue.
D'ailleurs heureusement qu'elle tombe sur cette magnifique voiture de sport au font d'un container que quelqu'un a fait tourner un peu chaque jour pour le moteur, mis de l'essence, fait la vidange, changé la batterie, et même lavé; parce qu'elle risquerait de ne pas bien marcher au bout de trente ans sinon.


Bref, ils s’en sortent. Le soldat restant tombe amoureux de l’indigène qu’ils ont ramené pour son immunité au virus. Ils sont restés même pas deux jours, il ne lui a JAMAIS parlé mais, «rien à foutre des ordres et du devoir de soldat, j’ai eu un coup de foudre elle ira nulle part sans moi m’sieur l’Premier Ministre. Ah ouais Major ? Pour vous elle n’était qu’un vulgaire ‘travail’ ?!»
T’as la mémoire courte mon con…


C’est fini et l’héroïne décide de rester pour devenir la chef des punks à chien.


Waouh.


Passons sur le message un peu flou du film, les politiques ? Les sociétés occidentales ? Le féminisme ? Le racisme ? (Bah pourquoi pas, on a bien un punk à chien fils de seigneur chevalier alors tout est possible).
Il faut dire que dans ce film, les politiques sont particulièrement pourris, ça pense cyniquement, ça parle cyniquement, ça mange et ça dort même cyniquement.


Bref, si vous avez aimé New York 1997, Mad Max, Le Seigneur des Anneaux, les Guerriers de la nuit (The Warriors), l’Armée des douze singes (etc c’est à vous de retrouver les films qui se sont cachés dans celui-là), et bien vous n’aimerez pas forcément ce melting-pot.
A vouloir étaler et balancer à la tronche du spectateur sa culture et ses références cinématographiques, Marshall nous pond un bon gros navet sans âme.


PS : Rhona Mitra est aussi expressive qu’un souche. Une belle souche certes, mais une souche quand même.

Redango
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le 18 févr. 2015

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