Sacré Jean-Claude, quand on pense avoir cerné le personnage, il nous prouve qu'il est insaisissable et hop, enchaîne des films tous plus moisis les uns que les autres. Enfin, ici, il n'est pas le seul à mettre en cause dans le naufrage improbable de ce Double Team. Il y campe - bien malgré lui, dirait-on - Jack-Paul Quinn (si si), un espion qui s'est mis à la retraite après une horrible introduction où il vole un satellite aux français (parfois, on nous vole des satellites, sachez-le), une espèce de parodie sans talent d'une intro à la James Bond. Bref, comme tout agent qui se met au vert avec sa femme et part vivre sur une côte anonyme, Jack se voit proposer une autre mission qu'il accepte avec (dé)plaisir : il doit abattre Stavros, joué par Mickey Rourke. Bon, je vous la fais vite : il échoue lamentablement et, au lieu de buter Stavros, tue sa femme et son fils (EPIC FAIL). Du coup, le grec un peu véhément décide de se venger et, quand Jack est déclaré mort puis emmené sur une île où sont détenus les anciens-agents-qui-en-savent-trop, le mercenaire helléniste s'en prend à sa femme et à son bébé en work-in-progress. Mais quel salaud !

Si vous pensiez déjà que tout était dit, ce résumé passe à côté, pourtant, de l'incroyable Dennis Rodman, une espèce de Gay Pride à lui seul. On dirait qu'il lutte continuellement pour être plus gay friendly qu'à la scène précédente et il y arrive avec un brio qui laisse à douter de la véracité de ses conquêtes féminines. Jusqu'à la scène absolument dingue où Jean-Claude lui glissera sur à peu près tout le corps comme un furet sous amphétamines. Je sais que ça a l'air bizarre, dit comme cela, mais vous saurez en voyant le film à quoi je fais référence, indubitablement. La présence de Rodman donne à tout le film un espèce de voile de second degré permanent, qui semble indiquer comme une étape au-delà de laquelle le film ne peut être que davantage WTFesque. Et c'est le cas. Le passage du Colisée... Oh, mon dieu, le passage du Colisée, quoi. Le final, devrait-on dire, d'un niveau de délire absolu.
Mais bref, avant d'en venir au final, il faut parler un peu de la progression dans le film. Bon, là, soyons franc, c'est n'importe quoi : le film n'a pas un scénario très très abouti, mais alors son évolution est carrément décousue. Parfois, on sent même un effort de fait pour brouiller davantage des situations complètement bidons. C'en est dantesque : rien que le début, on demande à ce cher Jack de bien vouloir liquider un mec à Anvers, si j'ai bien compris. Le plan suivant le montre dans une boîte... métrosexuel, à acheter des armes à Dennis, donc,et sa coupe de cheveux farfelue. Donc bon, on l'envoie tuer un mec mais on lui file rien, charmant. Ensuite, on retrouve notre Jean-Claude équipé, qui entre dans un entrepôt et salue son équipe qu'il ne semble pas connaître. Donc, on l'envoie tuer un type, sans armes, mais on lui adjoint une équipe. Normal. Une équipe sans équipement, bon pari. Et ce n'est que le début de ces séquences un peu stupides.
D'autant que, je ne sais pas ce que veut faire Tsui Hark,mais clairement, il fait un peu n'importe quoi, en laissant certains plans d'une grande inutilité se répandre dans le temps sans qu'on saisisse l'intérêt. Le regard en biais d'un type dont, de toute façon, on n'entendra parler trois fois au cours du film, où les plans contemplatifs d'une des scènes les plus ridicules du film, quand Rourke rencontre Jean-Claude sur la place de Rome. Quoiqu'évidemment, ce n'est pas le ridicule qui tue ce genre de film, puisqu'ensuite, il faudra faire face à l'hôpital qui n'accueille qu'un seul patient - puisqu'à moitié en ruine, faut bien reconnaître - et le distributeur coca pare-feu, indestructible.

Au final, d'ordinaire j'aime encore bien les films avec ce brave Van Damme, mais là, j'avoue qu'il a placé la barre tellement bas qu'il est difficile d'apprécier encore dans sa totalité la chose sans avoir la brutale envie de soudainement se remettre à la lecture. Parce qu'entre Rodman, le ballon de basket parachute, la fight avec le tigre et la scène finale où l'ancien basketteur rigole avec un agent secret censé être mort comme si de rien n'était, piouh... on nous a quand même fourni là une ébauche de ce qui se fait de mieux en matière de n'importe quoi. Mais bon, y'a Mickey Rourke !
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le 30 oct. 2012

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le 30 oct. 2012

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