Douce et Criquet s'aimaient d'amour tendre
7.3
Douce et Criquet s'aimaient d'amour tendre

Long-métrage d'animation de Dave Fleischer (1941)

Dernier long métrage des frères Fleischer, Douce et Criquet s’aimaient d’amour tendre fait les frais d’un contexte économique fragilisé par la guerre, se traduisant par un énorme échec commercial qui pousse les Fleischer Studios à la fermeture. Pourtant, les efforts accomplis par le studio depuis le film précédent, le décevant Les Voyages de Gulliver, sautent littéralement aux yeux et on ne pourra que déplorer l’énorme injustice de ce gâchis, car la production est loin d’être mauvaise, replacé dans son contexte elle apparait même comme excellente.


Les premiers efforts visibles de la production nous viennent de son animation, bien plus satisfaisante que dans Les Voyages de Gulliver, plus harmonieux, plus soigné, et plus fluide. Si la qualité n’égale toujours pas celle des productions Disney, on sent bien que les frères Fleischer se donnent du mal.
On ressent là encore l’influence du style Disney, mais cette fois-ci le film ne fait pas l’erreur des caricatures grossières et rabâchées. Aussi le studio semble avoir compris qu’il ne maitrisait pas la délicatesse des dessins de personnages humains, du style Blanche-Neige, est se concentre désormais pleinement sur des protagonistes insectes au style cartoonesque plus proche des habitudes du studio. Si les humains sont bien présents, la production à l’intelligence de ne jamais dévoiler leurs visages, et de les intégrer comme une présence en second-plan. Les humains sont animés avec la technique de la rotoscopie, pour un résultat qui fonctionne cette fois-ci à merveille, créant une sorte de contraste visuelle entre le petit monde des insectes, féériques, colorés, merveilleux, et celui des hommes, plus réaliste et plus sombre. L’esthétique globale du film est un enchantement, certains effets visuels sont ingénieux, les décors sont très inspirés, franchement réussis.


Le scénario est très bien amené, le film bénéficie de plusieurs lectures, appréciables des petits comme des grands. Le rythme est efficace. Les chansons sont aussi très sympas, en dépit du fait qu’elles nous apparaitront un peu désuètes désormais.


Toutes les séquences où les petits gestes du quotidien des humains ont une incidence sur la vie des insectes sont des petits bijoux d’inventivités. Ainsi on relèvera de nombreux passages très bien sentis, franchement intelligents dans leurs développements. La scène finale, de l’édification du building, et son ascension par les protagonistes, est très intéressante à observer, et se révèle un bouquet final très approprié.


Malgré ses beaux efforts, le film est loin d’être parfait et accuse quelques maladresses, sans réelles incidences sur le plaisir que l’on ressent à le visionner. Les personnages ont des identités simples et faciles. Les dialogues n’ont pas beaucoup de saveur. L’émotion et l’humour ne sont pas au rendez-vous, en tout cas ce ne sont pas des aspects du film qui marquent les esprits.


Ce film est le chef d’œuvre déconsidéré, et méconnu, des studios Fleischer. S’il était sorti à une autre période, moins troublée, il ne fait aucun doute qu’il aurait rencontré son public. Pour autant, il saura se faire apprécier aujourd’hui encore des passionnés et des nostalgiques. Une réédition, dépoussiérée, serait la bienvenue.


https://www.cineanimation.fr/

Créée

le 18 nov. 2021

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Casse-Bonbon

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