Douze Hommes en colère par Gaylord G
Un procès se termine, l’ultime étape peut commencer: la délibération du jury. Là commence donc le film, sans jamais nous montrer d’autre éléments, sans jamais sortir de cette pièce. Véritable huit clos, 12 Hommes en colère est uniquement tourné vers la réflexion de ces 12 hommes devant décider de l’avenir d’un seul.
Rien n’est donc montré de l’assassinat ou de l’affaire, seulement la délibération et les faits retranscrits par le biais des jurés. Le spectateur devra donc s’intéresser à chacune de leur intervention afin de comprendre petit à petit tout ce qu’il n’a pas vu. Cette position originale et déstabilisante rend le film unique en son genre: aucun thriller n’est parvenu à intéresser en ne montrant strictement rien. A la vue des thrillers contemporains, jouant quasiment tous dans la sur-enchères d’effets spéciaux, du gore et de l’horreur, on ne peut donc qu’admirer l’efficacité du minimalisme de ce film.
Bien que démarrant son histoire sans aucune introduction superflue, le réalisateur nous offre cependant une présentation des personnages exemplaires: 12 hommes, assis autour d’une table qu’un seul plan séquence va suffire à présenter. Dès les premières minutes, le réalisateur impose donc un style particulier entre observateur et omniscient, il utilise sa caméra pour se faufiler et capter chaque sentiments, chaque impressions et désaccords des jurés. Il créé, au final, un passionnant et tortueux tour de table où chaque réflexion peu avoir une importance obligeant ainsi à ne jamais manquer de vigilance.
Ce “thriller” datant de 1957 n’a donc rien à envier aux grosses productions actuelles. Bien sur, l’image et le son ne peuvent faire oublier l’âge du film, cependant là n’est pas son intérêt. Ne filmant qu’une pièce, qu’une poignée d’hommes et suivant une chronologie inflexible, le réalisateur ne se soucis à aucun moment de ses détails; il ne cherche pas à faire un beau film, il cherche, et parvient d’ailleurs merveilleusement bien, à retranscrire une ambiance, une tension. Il nous montre comment, en réunissant 12 esprits critiques, l’homme peut parvenir à créer une réflexion, une intelligence commune et donc renforcée. 12 Hommes en colère signe donc l’apothéose du minimalisme, d’une époque où cinéma rimait avec histoire et ambiance, où les limites techniques n’avaient pas à être franchis et où les acteurs étaient indispensables à la réussite d’un film.