Prends toi cette claque dans la gueule.
On a toujours une grosse appréhension quand on lance un film qui est unanimement adulé. Surtout quand le film date et qu'il prend un sacré parti-pris. J'ai eu le coup avec "2001, l'Odyssée de l'Espace", film qui a complètement remis en question mon concept de l'ennui. Heureusement, "12 Hommes en Colère" mérite absolument tout ce qu'on dit de lui : c'est une réussite totale.
Ce film se savoure dans toute sa complexité, dans ses multiples facettes. Je ne m'étalerai pas sur la mise en scène, mais plutôt sur toute cette fresque humaine qui nous est racontée.
Premier tour de force, les personnages sont tous très différents, et frôlent subtilement le cliché sans jamais tomber dans la caricature. Ils ont tous une psychologie admirablement travaillée qui se distille tout le long des minutes. Aucun manichéisme, juste des gens qui ont vécu dans certains contextes, avec certains apprioris, qui ont leur manière de se confronter à la responsabilité qui leur incombe.
Deuxième tour de force, le réalisateur a saisi et mis en scène avec une justesse presque impertinente les rapports humains. Il faut pour cela se placer dans le contexte : le film est sorti en 1957, c'est à dire avant la majorité des découvertes en psychologie sociale, et il arrive à retranscrire de nombreux phénomènes de groupe, de persuasion, de dominance, d'autorité, ... C'est littéralement bluffant, et édifiant.
Troisième tour de force, les thématiques abordées avec une extrème intelligence : immigration, stigmatisation, violence, peine de mort, ... Le film prend un recul éclairant, et apporte des réflexions avant-gardistes. C'est simple, les propos tenus et les problématiques soulevées sont encore d'actualité et évitent de tomber dans des stéréotypes sur la criminalité. Le discours éclaire de nombreux lieux-communs qui persistent encore aujourd'hui chez beaucoup de personnes.
"Douze Hommes en Colère" est un film puissant, intelligent, utile et accessible. Il met en scène tellement de choses passionantes, et le fait tellement bien... J'en suis encore sur le cul.