12 hommes en colère, c’est la victoire du film beau et bon sur tous les artifices que le bon, le beau et le talent pourraient se voir imposés par le fric et l'instantané.

Sidney Lumet réalise un tour de force, un exercice de style maîtrisé de bout en bout plutôt que juste un film sur la peine de mort.

Les quatre vingt-quinze minutes de délibération des douze membres masculins de ce jury populaire, visant à établir la culpabilité d’un jeune dans le meurtre de son père se déroulent, à l’exception de deux scènes (la première et la dernière du film) dans une seule et unique pièce. Ce huis-clos parfait repose autant sur ses dialogues ciselés et sa mise en scène inattaquable que sur le jeu de ses acteurs, parfaits de bout en bout, théâtraux juste comme il faut, authentiques et sincères, chacun dans un rôle unique et marquant, quels que puissent être leur nom, qu’on ne connaît pas toujours, leur histoire ou leurs idéaux, qu’on devine en filigrane et leur tempérament, qu’on apprend rapidement à apprécier ou détester.

Ici l’enjeu n’est pas le suspens, ni le droit, ni la raison.
Ce que font les douze hommes, portés par un Henri Fonda magnétique et impressionnant de calme et de sérénité, c’est déclamer l’intelligence. Ce trait qu’on ne trouve que si l’on pousse les choses à fond et au fond, et derrière lequel s’effacent l’égo, mis au service d’une cause plus grande que soi.

Lumet met en exergue avec une simplicité déconcertante les passions, les préjugés, les défauts et les croyances. Il lance un débat et propose une réflexion poussée sur la Justice et la vengeance privée, sur le rôle de l’État, sur le racisme, sur l’innocence, les médias et les fifteen minutes of fame, sur la peine de mort bien entendue, sur la vie en société... Le tout, en esquissant un portrait fidèle des États-Unis des années cinquante.

Ce n’est qu’un jury qui délibère et se débat avec lui-même sur une enquête et ses coulisses. Ce n’est qu’une conversation d’hommes qui suent sous une pluie battante. Ce n’est qu’une histoire banale de meurtre comme il en existe des milliers. Mais c’est un grand film, à ranger au panthéon de ces oeuvres miraculeuses qui parviennent, avec presque rien, à agripper le spectateur, le souffler, dévaster ses apriori et le marquer au fer rouge de cette finesse si difficile à conserver comme une haute valeur.
hillson
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le 20 mai 2013

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