Down By Law est un film maîtrisé de bout en bout dans tous ses aspects. Ca a sûrement déjà été dit maintes fois mais visuellement ce film est d'une beauté admirable avec un Noir et Blanc somptueux. La photographie est délectable pour les yeux, un pur régal. C'est en voyant des films comme Down By law que l'on se rend vraiment compte qu'un beau N&B vaut bien mieux qu'une couleur banale. Puis ce choix esthétique colle tellement bien au sujet, confère au film ce côté très dépouillé. La mise en scène est de très grande qualité. Travellings fluides, plans séquences maîtrisés... Mes yeux furent contents d'assister à ce spectacle.

On y suit un drôle de trio qui, par un grand hasard, se retrouvera dans la même cellule d'une sinistre prison de Louisiane, située dans un bayou où il ne vaut mieux pas s'y aventurer pour s'évader. Ce trio est juste ultra attachant. De gentils losers (bon pas si gentils que ça tout de même) qui se retrouvent ainsi partenaires de galère et qui malgré leurs caractères bien différents et plutôt opposés tenteront de s'échapper ensemble du pénitencier.
Le génie du film demeure dans le traitement de son scénario et des interactions entre les personnages. Jarmusch se contrefout des codes habituels du film d'évasion et s'intéressent plus à ces personnages, ce qui de fait les rend vraiment attachants. Et la qualité des dialogues ne fait qu'appuyer cette impression d'ensemble. Waits, Lurie et Benigni sont géniaux dans leurs rôles respectifs. Les voir évoluer et galérer est réellement plaisant. Puis il y a cette poésie permanente qui règne dans le film, une atmosphère envoûtante typique de Jarmusch. C'est un pur plaisir.

Ce film ne raconte pas grand chose en réalité, et je ne pense pas que Jarmusch ait voulu mettre un propos en avant. Mais ce n'est pas important, c'est même une légèreté nécessaire dans l'avancée de l'intrigue, rien ne vient écraser cette dernière. Down By Law est juste un petit bijou artistique, qui se regarde avec bonheur. Le rythme y est lent et prenant, bercé par une agréable musique dont une partie est issue de l'oeuvre de Waits et Lurie, tous deux musiciens de métier. Frais, burlesque, inspiré... Ce film se mange sans faim et demeure une expérience de cinéma des plus plaisantes.
Moorhuhn
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le 20 oct. 2012

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