Arf, je suis souvent un peu embêté face au cinéma de Jim Jarmusch. Incontestablement le garçon a du talent, un univers comme peu de réalisateurs peuvent s'en targuer, un sens de la mise en scène et de l'esthétique très poussé (sublime photographie noir et blanc, accentuant le côté presque intemporel du récit), sachant exploiter des décors souvent insolites et à imaginer des personnages singuliers, ne laissant clairement pas indifférents, que celui-ci se garde bien de rendre trop coupable ou trop innocent.
Maintenant, une fois que j'ai écrit ça... C'est quand même long. Le récit comme les scènes s'étirent souvent inutilement (même si l'auteur de « Ghost Dog » a au moins le mérite de les couper avant que ça ne devienne insupportable), l'impression que l'homme aux éternels cheveux blancs n'a pas tant de choses à dire, mon insensibilité (même si c'est plus personnel) aux talents musicaux (et légèrement d'interprétation, d'ailleurs, auquel j'intègre John Lurie) de Tom Waits, cette impression que cette histoire pourrait quasiment être deux fois moins longue sans que cela soit un gros problème...
Quelques scènes réussies, quand même, parce qu'inattendues
(une rime stupide devenant presque un chant de rébellion en prison, notamment),
ce trio dynamité par un Roberto Benigni en grande forme (mais pas « trop » non plus, au bon sens du terme) et une forme d'étrange mélancolie baignant le récit permettent toutefois à « Down by Law » de ne pas être trop ennuyeux : un peu, mais pas trop. Bref, un cinéma dont je n'ai aucun problème à reconnaître les qualités, mais réservé à un public assez restreint, notamment chez les amateurs de « pure forme ».