Attention, autant prévenir tout de suite, il s'agit là d'un film purement expérimental, d'un travail sur la temporalité dans sa radicalité la plus rebutante mais non moins passionnante. Cela rejoint d'ailleurs un peu le travail de Bill Viola, vidéaste qui distortionne le temps à son maximum en jouant sur les mouvements des sujets et les attentes des spectateurs.


Ici donc, une "succession" de plans longs et quasiment fixes, qui paraissent ne pas vouloir dire grand chose, sur un fond de musique flottante électronique. Et pourtant, dès les premières images, l'hypnose fonctionne. Elle ne fonctionnera pas toujours à vrai dire, avec quelques légers creux vers le milieu du film dû à des plans et raccords pas forcément les plus intéressants.


Mais on ne peut nier un travail de la texture d'image sublime et original. Romain Kronenberg joue avec l'exposition de la caméra, des raccords surprenants, des reflets et même la définition de l'image afin de créer une ambiance mystique, métaphysique presque. Dès le départ, on part d'ailleurs de l'infiniment grand (l'espace) pour aller vers l'infiniment petit (le grain de beauté). Puis, on suit une jeune femme dont la posture psychologique pourrait être assimilée à celle du personnage principal du Melancholia de Lars von Trier. L'alternance entre cette femme et ces espaces vides crée ainsi une sorte de brouillage spatio-temporel, un raccord mystique qui pourrait nous endormir mais dont on ne peut se détacher. Le plan du soleil en est sans doute la meilleure illustration, aveuglant et pourtant magnifique, tout simplement car on n'a jamais vu ça.


Alors bien sûr, pour cela il faut "subir" le temps, subir un immobilisme qui nous est imposé. Mais pour peu que l'on en ai la concentration, la vision de ce Down down down down offre une très belle expérience rarement vue ailleurs.

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le 21 mai 2015

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Antofisherb

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