Très intéressant, même si l’intérêt n’est pas là où on le croit…

Je ne connaissais pas grand-chose sur ce film...
Je savais juste que c’était un film d’Alexander Payne (« Ah cool ! »), qu’il y avait Matt Damon dedans (« Ola… Ah ça moins cool. ») et que dans ce film, ce bon vieux Matt finissait tout petit. (…………Hein ?)


Bah ouais : personnellement moi je n’en savais pas plus, donc forcément, dit comme ça, ce « Downsizing » il me faisait davantage l’effet d’un remake de « Chéri j’ai rétréci les gosses » plutôt que celui d’un film vraiment attirant pour son originalité.
Eh bah pour le coup je me suis quand même bien planté !
Parce qu'en effet, dès l’intro, ce film a su rapidement me mettre dans sa poche...
(Hé ! Hé ! Dans sa poche ! Vous avez compris ? Non parce que le film il parle de… OK, j’arrête.)


Franchement, en même pas cinq minutes, le film parvient à utiliser ce concept de rétrécissement d’humains pour faire ce que font les meilleurs films de science-fiction, c’est-à-dire nous obliger à penser un monde totalement nouveau en fonction du postulat original qui nous est présenté.
Alors quand c’est aussi efficacement fait, et qu’en plus c’est amené par Rolf Laasgârd, d’« After The Wedding », c’est peu dire qu’on me brosse dans le sens du poil.


Et à partir de cette introduction là pleine de promesses, le film m’a ensuite ouvert la voie à une sensation étrange mais finalement pas si désagréable que ça avec le recul.
D’un côté j’avais l’excitation et le plaisir de découvrir une vraie richesse dans la manière de traiter le sujet, aussi bien dans le visuel que dans le propos. Mais de l’autre je ressentais aussi régulièrement un certain inconfort à ne pas vraiment comprendre et savoir ce qu’Alexander Payne entendait vraiment faire de tout ça.
D’ailleurs – je vous l’avoue – si on m’avait demandé en plein pendant le film ce que j’étais en train d’en penser, je pense que j’aurais été incapable de répondre.
Pour être même véritablement honnête, c’est presque sur le dernier quart d’heure du film que j’ai vraiment commencé à me sentir à l’aise avec la démarche d’Alexander Payne et que j’ai commencé du coup à aussi prendre mon pied…


Alors, je me doute bien qu’en vous disant cela, je dois en refroidir quelques-uns et – surtout – je dois susciter quelques questions.
Mais pourquoi aller aussi haut dans la notation si le plaisir n’était pas au rendez-vous sur la quasi-totalité de la projection ?
Eh bah parce que tout d’abord, l’absence de plaisir n’a pas été synonyme d’ennui ni de souffrance.
A chaque fois, l’incroyable richesse visuelle du film - et surtout sa créativité et son audace scénaristique - faisaient qu’à défaut de plaisir, j’avais au moins l’intrigue et la curiosité.


Et puis la deuxième raison c’est aussi et surtout que – maintenant que j’ai passé le cap de l’interrogation – je pense que je pourrais clairement revoir ce film et l’apprécier totalement différemment.
Une fois qu’on saisit la dimension totalement dérisoire du film, et qu’on comprend que le sujet n’est finalement pas la mauvaise gestion des ressources ou bien encore notre incapacité à mettre en place une société de prospérité pour tous, alors forcément la démarche du film apparait tout de suite beaucoup plus clairement et le plaisir n’en est que meilleur.


(Parce que oui, moi je ne peux m’empêcher de voir dans ce film un propos qui consiste à dire que ce qui mine notre civilisation c’est avant tout notre hallucinante tendance à nous laisser guider par des rêves et des projets totalement hurluberluesques – ce qui nous amène à chercher et adopter des solutions qui relèvent totalement du non-sens et de la stupidité – alors qu’il suffit simplement d’avoir un regard lucide sur les choses pour comprendre que les meilleures solutions sont souvent juste les plus simples, les plus logiques et les plus basiques.)


...
Alors oui, il est déstabilisant ce film je trouve, mais pour moi, en tout cas, ce fut de la bonne déstabilisation.
J’avoue qu’il y a des moments que j’ai trouvé longs (le moment chez Dusan par exemple).
J’avoue aussi qu’il y a des moments où je ne voyais pas trop où le film voulait nous conduire (comme le moment… Bah comme le moment chez Dusan quoi !)
...Mais d’un autre côté, c’était un peu le but. Et il y avait suffisamment d’autres choses qui sont venues rattraper cette sensation pour qu’au final je n’en souffre pas.


D’ailleurs, en fin de compte, si je devais trouver le principal défaut de ce film ce serait sûrement… Bah Matt Damon je pense.
Je suis désolé mais ce mec je trouve vraiment qu’il ne correspond vraiment pas au rôle.
Il ne correspond pas au niveau de l’âge, du physique, du jeu…
Pour moi, il aurait tellement mieux valu trouver un gars plus dans la trentaine, sympa mais parfois à ses dépends.
Un Alden Ehrenreich par exemple aurait pu très bien faire l’affaire.
Ou bien quitte à vouloir prendre un quinqua bien installé mais qui colle davantage à la dimension absurde de l’œuvre, tu pouvais prendre alors un Will Ferrell.
Là, Matt Damon, c’est trop lisse. C’est trop creux. Ce n’est pas assez subtil pour gérer les ambigüités du rôle…


Bref, c’est dommage, parce qu’au final, c’est clairement ça qui fait que malgré toute l’inventivité et la pertinence de ce film, je ne pourrais jamais aller au-delà de 7/10.
Mais bon, après, 7/10, ce n’est pas non plus si mal.
Non ?

lhomme-grenouille
7

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Créée

le 18 janv. 2018

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