Dès son arrivée, Jonathan Harker, jeune clerc de notaire anglais envoyé dans les Carpates par son patron M. Hawkins, est plongé dans les mystères.
Son client, le comte Dracula, qui lui a réservé une chambre dans une auberge, est craint par les villageois.
Ces derniers offrent au clerc crucifix, gousses d'ails et de nombreuses mises en garde.
Faisant fi de tout cela, il se rend dans le château de son client.
Bien qu'original, le comte ne lui paraît pas aussi effrayant que ne laissent entendre ses voisins, tant il est accueillant, et bien que son aspect extérieur soit assez déroutant :

"Son visage donnait une impression de force, avec son nez fin mais aquilin, des narines particulièrement larges, un front haut et bombé, des cheveux qui se clairsemaient aux tempes, mais, ailleurs, épais et abondants. Les sourcils, massifs, se rejoignaient presque à l'arête du nez et paraissaient boucler tant ils étaient denses. La bouche, pour autant que je pusse l'entrevoir, sous l'épaisse moustache, présentait quelque chose de cruel, sans doute en raison des dents éclatantes et particulièrement pointues. Elles avançaient au-dessus des lèvres elles-mêmes dont le rouge vif soulignait une vitalité étonnante chez un homme de cet âge. Les oreilles étaient pâles et se terminaient en pointes. Le menton paraissait large et dur et les joues, malgré leur maigreur, donnaient toujours une impression d'énergie. L'impression générale était celle d'une extraordinaire pâleur. J'avais déjà remarqué le revers de ses mains qu'il avait posées sur ses genoux et, dans la lueur des flammes, elles m'avaient paru longues et fines. Pourtant, à présent que je les voyais de près, je les découvrais grossières, larges, doigts épais. Étrange constatation, aussi, je remarquais des poils au milieu des paumes. Les ongles étaient longs et fins, presque trop pointus. Un moment donné, le comte se pencha vers moi et ses mains me frôlèrent. Je ne pus retenir un frisson. Peut-être devais-je en imputer la cause à son haleine fétide, mais une terrible nausée s'empara de moi, que je ne pus cacher. Le comte s'aperçut de mon dégoût, car il recula. Avec un sourire effrayant, qui découvrit davantage ses dents proéminentes, il retourna s'asseoir à côté de la cheminée"

Cependant, il se rend vite compte qu'il est bien plus un prisonnier qu'un invité dans ce mystérieux palais.

Parallèlement à cela, son amie, Lucy Westenra souffre d'un mal étrange qui, couplé à des crises de somnambulisme, la mène à se retrouver en pleine nuit dans un cimetière en compagnie d'un mystérieux inconnu.
Même ses amis, Jack Seward et le docteur Abraham Van Helsing, ne peuvent apporter de remède à cette maladie.
Finalement, tout ce petit groupe, une fois réunis et, une fois convaincu que les vampires existent bel et bien, se mettent en chasse du comte afin de mettre un terme à ses sombres agissements.


Je ne suis pas un fervent lecteur d'histoires de vampire, surtout depuis qu'ils sont à la mode et utilisés à toutes les sauces, mais je ne pouvais pas passer à coté de ce monument tant plébiscité.

Le style de Bram Stocker fait naitre une ambiance effrayante en créant à une atmosphère lourde et oppressante, magistralement architecturée.

Datant quelque peu (du XIXième siècle si je ne m'abuse), je suppose que, lors de sa parution originale, il devait être vraiment terrifiant pour un public encore très catholique et superstitieux.

Les scènes de violence sont très rares et sont le plus souvent évoqués plutôt que vécues. L'auteur, contrairement à certains auteurs contemporains, ne s'appuie pas sur le volume de viscères et de sang versés pour susciter la terreur de ses lecteurs.

Certes, le style est quelque peu obsolète et entraine quelques longueurs (assez rares dans l'ensemble), mais malgré tout ce livre se lit assez facilement.

Les décors sont magnifiquement rendus, donnant presque vie au château.


Cependant, si la première partie du roman m'a particulièrement plus, j'ai été un peu déçu par la seconde.
En effet, mon coté lecteur de livre d'action/fantasy attendait avec impatience le moment où les héros se rendraient enfin compte de la véritable nature du comte Dracula et le prendraient en chasse (Pour me situer, je venais aussi de finir Le roi sur le seuil de David Gemmell. Peut être pas un bon combo après réflexion :p ).
Au moment ou j'attendais quelques combats épiques, ça blablate, tergiverse, hésite. Les personnages se perdent dans des discours rhétoriques sans fin et s'en remettent sans cesse à Dieu.
J'ai trouvé cette partie du roman un peu trop longue, avec l'impression qu'elle ne servait qu'à repousser la conclusion du livre afin de nourrir le suspense.
De plus, le combat final manque de rebondissement et le personnage tout-puissant de Dracula, possédant tout de même d'impressionnants pouvoirs, se fait tuer bêtement par le petit groupe.


Malgré cela, la structure du roman m'a beaucoup plu de part son originalité.
En effet, il n'y a pas un seul narrateur tout au long du livre. Les différents personnages se relaient pour nous narrer leur histoire à travers différents journaux (ceux de Jonathan Harker, Mina Murray, de Déméter et du docteur Seward) ou au travers des lettres. Il y a donc plusieurs narrateurs et le lecteur, de ce fait, partage les sentiments de chaque personnage et voit la trame se dessiner à travers différentes perspectives.

Au final, c'est un grand classique qui, même si l'on sent qu'il vieillit assez mal, est un des livres à avoir lu au moins une fois.
Skarn-sha
7
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le 26 févr. 2012

Critique lue 373 fois

Skarn-sha

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