Les amateurs du cinéma de Tsui Hark vous le diront : dans les années 80/90, le cinéaste a totalement redéfini le genre du wu xia pian (littéralement : film de sabres). Ses propres films (Zu, les guerriers de la montagne magique, Green Snake) comme ses productions (les trilogies Swordsman et Histoires de fantômes chinois pour lesquels il a tourné lui-même de larges segments) sont de véritables récits d'aventures fantastiques, épiques et poétiques, saupoudrés d'une pincée de folie visuelle pour marquer durablement la rétine du spectateur.


Avec Dragon Gate, Tsui Hark renoue définitivement avec cette grande époque ! Les superbes Seven Swords et Detective Dee nous ont prouvé que le maître avait encore des cartouches en réserve, mais on le sentait assagi. Ici, en s'attaquant à la suite d'une histoire bien connue du folklore chinois, dont il avait déjà produit une adaptation en 1992, il ne s'impose aucune limite : multiplications des personnages, combats aériens dantesques, humour burlesque, violence gratuite... Rien ne nous est épargné ! Comme bien souvent chez le réalisateur, cette grande liberté artistique a cependant tendance à brouiller un peu le récit et à nous faire perdre de vue les enjeux dramatiques (un peu comme dans le premier Swordsman). Cependant, les amateurs du genre ne seront pas déconcertés. Ce qui fera grincer des dents, par contre, ce sont les effets spéciaux numériques approximatifs auxquels Tsui Hark a pris goût depuis La Légende de Zu. Les équipes chinoises n'ayant pas encore atteint le niveau des équipes américaines, le résultat s'avère bien trop artificiel. Et il y en a la dose, notamment dans les combats où les lames volent et jaillissent de l'écran pour le plus grand bonheur des spectateurs ayant la chance de découvrir ce film en 3D. Des effets pas très subtils donc, mais — à l'instar des câbles apparents dans les films de la Shaw Brothers — c'est à nous d'en faire abstraction pour pouvoir entrer dans le monde fascinant et romantique du Jiang Hu, à la croisée des mythes et légendes. Et puis, quelle joie de retrouver Jet Li dans un rôle à sa mesure ! Vingt ans après les trois premiers Il était une fois en Chine, il semblerait que la hache de guerre soit définitivement enterrée avec le réalisateur (espérons-le).


Avec son jusqu'au-boutisme absolu, Tsui Hark prouve qu'il a toujours sa place dans le wu xia pian et s'impose comme l'alternative idéale au cinéma aseptisé (et propagandiste ?) de Zhang Yimou. Du coup, on attend avec impatience le prochain Detective Dee !

MajorTom
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le 27 juin 2013

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