On craignait que 2009 ne soutienne pas un instant la comparaison côté perles avec 2008 tant des chefs-d'oeuvre tels The Spirit ou Alien vs. Predator - Requiem avaient placé la barre haute. Très haute. Mais grâce à James Wong, on atteint des sommets incommensurables , au point qu'aucun Oscar, aucune médaille, aucun Razzie ne serait être à la hauteur de l'évènement à célébrer. Oui chers lecteurs, Dragonball Evolution est un nanar cosmique, une nullité intergalactique, une tâche cancérigène dans les entrailles hollywoodiennes, une hérésie cinématographique, la quintessence de la stupidité humaine, le ridicule à son paroxysme, une expérience cinéphile qui écoeure à défaut de pousser au suicide. Bref, une daube.

Non pas que nous soyons surpris de nous retrouver face à un tel résultat, les bandes-annonces successives dévoilées sur la toile étaient suffisamment explicites (et honnêtes sur la qualité de la marchandise : c'est assez rare pour être souligné...) pour que nous sachions à quoi nous attendre. D'autant que le choix de laisser la mise en scène à un cinéaste (si on peut appeler ce type un "cinéaste") comme James Wong, monsieur Destination finale et The One, n'était pas pour nous rassurer. La seule question intelligible que l'on pourrait essayer de formuler si nos neurones arrivent encore à fonctionner après avoir été contaminés par l'imbécillité qui émane de cette comédie satirique (ou film d'action, selon le point de vue) serait : "pourquoi ?"

Oui, pourquoi un tel traitement avec l'oeuvre cultissime d'Akira Toriyama ? Car pour ceux qui débarquent de la lune à défaut de la planète Végéta, Dragon Ball est LE manga qui déferla sur le monde entier tel un raz-de-marée faisant passer celui du Jour d'Après pour une attraction aquatique à Disney Land. Créé par le papa de Docteur Slump en 1984 suite au succès d'une première expérience, Dragon Boy, en 1983, Dragon Ball est assurément la bande dessinée japonaise la plus connue et la plus vendue à travers le monde (42 tomes au total, 250 millions d'exemplaires vendus contre 225 millions d'exemplaires pour les 24 albums des Aventures de Tintin et Milou). Plus encore, le tournant Dragon Ball Z (le manga étant dès lors moins axé sur l'humour et beaucoup sur les combats spectaculaires) est à l'origine de l'exploitation à grande échelle de la japanimation en dehors de l'archipel nippon, et cela bien avant qu'Akira n'entre en scène. Et encore, nous ne parlerons même pas des produits dérivés découlant du phénomène, entre les goodies et les nombreuses adaptations vidéoludiques... En somme, il y eut un avant et un après Dragon Ball. En France, alors que nous étions berçés par Goldorak depuis 1978 ou encore par Cobra dès 1985, la série animée déboule sur TF1 en 1988 grâce au Club Dorothée. Aux côtés des Chevaliers du Zodiaque, autre série culte diffusée la même année, Dragon Ball permit aux dessins animés japonais d'intégrer pleinement la culture française, faisant de notre pays le second plus gros consommateur de mangas au monde (derrière le Japon, cela va de soi).

Cette parenthèse historique pour à nouveau poser la question du "pourquoi ?". Car s'il est une oeuvre issue de la culture populaire nippone qui aurait mérité une adaptation cinématographique avec des moyens, portée par un casting de luxe, mis en scène par un réalisateur digne de ce nom, c'est bel et bien Dragon Ball. C'est d'ailleurs peut-être là la plus grande faiblesse d'Hollywood à ce jour, à savoir une incapacité totale à respecter les cultures différentes, à ne pas comprendre l'art de la narration et le sens de l'esthétisme européen et oriental, à se borner à l'american way avec des producteurs interventionnistes capables de transformer l'or en plomb. Il n'y a qu'à voir le destin des réalisateurs étrangers sur le territoire américain pour s'en convaincre : côté français, Pitof et Mathieu Kassovitz en ont récemment fait les frais. Même un maître comme John Woo s'est vu contraint de jeter l'éponge et de retourner en Chine pour signer à nouveau un grand film.

Vous constaterez qu'au final, cet article parle relativement peu du film en lui-même. Mais que peut-on en dire ? Souligner que les acteurs sont ridicules, que les effets spéciaux ont dix ans de retard, que la mise en scène est caricaturale et maladroite, que le travail d'adaptation est inexistant, qu'il règne un chaos qui est autant dû à l'univers futuristico-débilarum qu'à la conduite narrative, cette dernière confondant vitesse et précipitation, peu aidée il est vrai par le scénario, simpliste au possible ? La liste des détails prêtant à rire serait trop longue à énumérer, et ce "film" ne mérite pas que l'on s'y attarde plus longuement. Néanmoins, que l'on soit fan ou non du manga, il y a un point que tous les spectateurs auront en commun : il faudra un effort titanesque pour réussir à ne pas vômir son repas de communion devant Dragonball Evolution. Vous voilà prévenus.


En bref : Mouhahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahaha !!
Kelemvor

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