L’histoire est pourtant classique, mais s’avère intelligente et émouvante !
Commençons d’abord pas son manque d’originalité décrié. Certes l’histoire d’un jeune enfant différent, subissant rejet et moqueries, avant que sa singularité et son vrai talent ne permettent de sauver les siens n’est pas nouvelles (robots, happy feet, fourmiz, tempête de boulettes géantes, mulan…). Mais avant que les dessins animés ne s’en emparent, le comportement particulier opposé aux conventions se retrouvait déjà dans les récits d’anticipation, rappelant que ce que dicte la société n’est pas forcément un modèle à suivre. On comprend pourquoi ces histoires plaisent tant, elles rassurent toutes les personnes qui souffrent un peu de leur différence qu’il ne faut pas regretter de ne pas faire comme tout le monde et ne pas avoir honte, qu’un jour peut-être la différence sera reconnue pour ce qu’elle apporte. En d’autres mots il faut suivre son viking de chemin. Puis tant pis si on dit que c’est simpliste et déjà vu, je me moque de ce que disent les gens moi j’aime ces histoires (voilà ça y est ma vikingitude s’exprime)!
Puis si l’originalité n’est certes pas une qualité pour ce film, faut-il pour autant y voir un défaut ?

Depuis des générations, les vikings luttent contre les dragons qui volent leur bétail. Ils constituent leur grand ennemi, féroce et dangereux, à tuer sans hésitation. Les combattre est la seule manière de prouver sa valeur. Mais Harold n’est pas un viking comme les autres. Chétif et maigre, il détonne au milieu de ses semblable, guerriers baraqués et imposant où mêmes les femmes manient la hache. Mais ce qu’Harold ne possède pas dans les bras, il l’a dans la tête. Inventeur talentueux et observateur, il espère qu’un jour ses inventions lui attireront la reconnaissance des siens. Car il souffre de sa différence qui provoque les moqueries plus qu’elle ne suscite de la fierté. Situation d’autant plus pénible que son père n’est autre que le chef du village ! Dans son désir de rendre fier son paternel, il construit une invention qui va l’amener à s’approcher de vraiment très près d’un de ces monstres ailés… L’occasion tant attendue d’en tuer enfin un! Mais il a beau se mentir à lui-même, Harold n’est pas un tueur de dragon.
Le moment où il hésite avec son arme, paralysé par le regard souffrant de l’animal, est assez intense. C’est ce genre de moment qui rend « dragons » supérieur à la plupart des autres films d’animation. Le jeune viking prend alors le risque inconsidéré de le détacher en dépit de toute prudence, et contre toute attente, la bête l’épargne. S’ensuit alors une approche lente et progressive durant laquelle les deux êtres vont s’apprivoiser alors que pourtant tout les sépare. Harold qui découvre le dessin de Krokmou sur la terre, sa tentative de poser sa main sur sa tête… d’autres grands moments toujours aussi forts au second visionnage. Harold découvre alors que les dragons sont bien différents de ce qu’ils croyaient. A l’encontre des traditions, il va courir le risque de s’attirer la colère des siens pour poursuivre ses observations, ce qui va l’amener à une connaissance bien supérieure aux guerriers qui les combattent.

Le film suit le déroulement classique : le peuple du héros finit par découvrir la vérité, ce dernier déçoit tout le monde et est mis de côté, mais n’en démord pas et tente une dernière fois de prouver qu’il a raison, aidé de quelques alliés qui croient encore en lui. Toutefois dans son propos Dragons s’avère plus intelligent. Il incite à la paix, à aller à l’encontre des préjugés et de la peur. Même si personne ne meurt dans le film, il s’agit quand même d’une guerre qui dure depuis des siècles, ayant causé des morts des deux côtés. Oser aller à l’encontre des traditions anciennes, au-delà de la vengeance et de la peur qui n’ont fait que s’accentuer avec les générations, pardonner les dommages subis, constitue un changement vraiment délicat. Certes on reste dans un film tout public avec une résolution « facile », mais d’une certaine façon l’histoire dépasse le seul divertissement pour peu que l’on veuille bien le voir. A noter que le héros perd sa jambe à la fin, ce qui est rare pour ce genre de film. C’est pour thèmes abordés et son intensité que je considère que ce film est supérieur aux autres films à l’histoire semblable.

Enfin « Dragons » suit parfaitement le cahier des charges de l’animation grand public. De l’humour bien dosé et recherché, les tentatives maladroites de Harold de se rapprocher du dragon, de jouer les gros bras ce qui ne trompe personne, constituent d’agréables moments comiques.
L’avoir revu m’a permis de remarquer quelques jeux de mots assez drôles. Le village du héros s’appelle Berk, ce qui en dit long sur son potentiel touristique. Quand au forgeron fort en gueule, on l’appelle tout simplement Geulefor !
De l’action virevoltante et de superbes images, comme l’aurore boréale observée en plein vol au-dessus des nuages, réellement magnifique sur grand écran en 3D. La magnifique musique de John Powel, tantôt merveilleuse, tantôt épique accompagne tous ces moments.
« Dragons » offre en outre un bestiaire bien fournit : Gronk, vipère, cauchemars monstrueux, furie nocturne… entre les dragons à deux têtes, ceux qui s’enflamment tout seul ou les très rapides, aucun ne se ressemble. Mélange la tendresse d’un gentil chat domestique et la puissance d’un animal sauvage, difficile de ne pas avoir envie d’avoir un de ces dragons-là !
Des personnages attachants, comme Astride, la guerrière vaillante au cœur tendre, le geek version vikings qui analyse les dragons comme des monstres de jeu vidéo, le dur à cuir pas si brave que ça et les jumeaux qui se chamaillent comme des teignes en permanence.

Une relation émouvante, des personnages attachants, un propos intelligent, bien évidemment associé à une bonne dose d’humour et d’action, une image et une bande son magnifique, « dragons » a tout d’un très grand film d’animation. Une suite était donc inévitable.
En espérant que cette suite, à défaut de faire aussi bien, s’en approche et ne déçoit pas.
Enlak
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le 1 juil. 2014

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Enlak

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