Ne boudons pas notre plaisir : après avoir produit des suites de plus en plus décevantes au cultissime Shrek, les studios d'animation de Dreamworks reviennent en grande forme avec Dragons (How to Train Your Dragon ? en VO), le parcours initiatique d'un jeune viking que la nature a doté d'un cerveau, faute de muscles. Raillé par les siens, objet de honte pour son père, Harold n'a qu'un rêve en tête : s'affirmer en tuant l'un des innombrables dragons qui tourmentent son peuple depuis des siècles. Mais lorsqu'il a l'occasion d'accomplir son destin, l'improbable se produit. Il se lie d'amitié avec un dragon de la pire espèce, celle des Furies Nocturnes.

Rien de bien nouveau sous le soleil de la fantasy en 3D, c'est à une histoire des plus classiques que l'on a affaire. Seulement, là où l'on aurait pu redouter un ennui certain, l'énergie de la mise en scène, efficace et vertigineuse sans être hystérique, hisse le film à un niveau de spectacle ahurissant. C'est cloué à son fauteuil que l'on suit les périples aériens de Harold et de sa monture reptilienne, surnommée « Toothhless » (« Crokmou » en VF). Évoluant dans des décors dantesques, ultra-réalistes et à la profondeur de champ quasi infinie, le duo du jeune homme et de son dragon (à la fois effrayant et adorable) se révèle très attachant, les deux personnages étant de grands blessés auxquels on peut aisément s'identifier. Le peuple viking est présenté sous des traits grossiers, voire caricaturaux, mais plaisants. Le clan des dragons, immense troupeau aux formes et aux couleurs délirantes, offre un lot de rencontres pour le moins improbables. Hommes et bêtes s'affrontent dans une joyeuse pagaille qui culminera dans un morceau de bravoure final, d'une ampleur épique colossale.

Tout aussi colossales, les séances de vol en compagnie de Crokmou, parfois plus vertigineuses que celles d'Avatar, sublimées par la superbe composition symphonique de Klaus Badelt. Le jeune Harold et sa monture, modèle simple et touchant d'acceptation de l'autre et de tolérance, se présentent comme le contrepoint parfait à la barbarie déployée aveuglément par les vikings. Une sorte de pied de nez à la complaisance guerrière de la fresque de James Cameron. Ici, l'esprit belliqueux se fracassera littéralement sur le flanc d'une montagne abritant un fléau commun, contre lequel s'uniront vikings et dragons. La ruse l'emportera sur les armes, mais non sans sacrifice. Le happy end de Dragons laisse comme un goût amer, à l'image de celui du Seigneur des Anneaux. Dreamworks n'accouche certes pas d'un chef-d'œuvre, mais les subtilités de leur nouvelle création, plus maligne qu'elle en a l'air, emportent largement l'adhésion. Un pur plaisir de cinéma.
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le 6 août 2010

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