Retour sur l'île de Burck pour un opus dont, cette fois, j'ai entendu parler ! Et même, je suis allé le voir le soir de sa sortie, c'est dire si cette fois, je savais dans quoi je mettais les pieds. La barre était donc placée très haut, l'attente étant bien plus forte que sur un premier long métrage complètement passé inaperçu auprès de mes pourtant habiles oreilles. On retrouve donc Harold, le fameux chevaucheur de Dragons, cinq ans après le premier volet. Le village a bien changé puisque, plutôt que de faire la guerre aux sauriens, ils sont à présent devenus les principaux bestiaux de compagnie : chaque viking a le sien, et même, l'arène d'entraînement a été transformée en grand parc pour les accueillir. Autant dire, à présent, la routourne a tourné, comme dirait un célèbre footballeur. Seulement voilà, plus de bêtes ailées, ça veut aussi dire un monde plus vaste, puisque plus facilement accessible. Et si, finalement, ce monde si vaste recelait de quelques saloperies dont on ne voulait rien savoir ?

Bon, commençons par le plus évident, ce qui laissait peu de place au doute : c'est putain de beau. Il y a énormément de séquences qui défoncent la rétine, avec de superbes plans et de très bonnes idées visuelles. Par exemple, la première apparition du chevaucheur de dragon mystère est particulièrement classe, la découverte de ces "explosions de glace" est superbe. En prime, le design des personnages est toujours aussi chouette et le fait de les voir avec quelques années de plus a de la gueule. Harold a juste une classe folle, avec son casque et son armure en cuir. Bref, ça défonce, visuellement, mais ça, le premier volet nous y avait habitué, celui-ci hisse la barre un peu plus haut, avec un ricanement un peu méprisant envers la concurrence. Krokmou est toujours chouette, mais bon, c'est un gros chat qui crache des flammes, fatalement, n'importe quelle personne ayant été sur les internets ces dix dernières années aura remarqué qu'il s'agit d'un lolcatz maquillé à la Skyrim. Forcément, ça ne peut qu'être cute ! J'aime pas trop le design de l'Alpha, par contre, mais ça, c'est purement personnel et de toute façon, il y a plein de nouveaux dragons particulièrement chouettes (jeu de mots, va voir le film pour le saisi, frère). Pour le reste, tout a été pensé et conçu avec beaucoup d'inventivité, alors autant ne pas bouder son plaisir. Ho, et on voit des dragons avec des caparaçons et c'est la méga classe, faut bien avouer ! Bon, mais ça, c'était pas vraiment la surprise du visionnage, à moins que l'équipe n'ait décidé d'unanimement se couper une main, j'aurais été surpris de voir un truc moche. Enfin, c'est toujours important de souligner la mise en scène vraiment très soignée. De mon côté, j'avais une grosse crainte, c'était surtout le scénario parce qu'autant le premier opus était classique mais efficace, autant faire une suite, c'est toujours le truc casse-gueule.
Ça fait un moment que c'est devenu un cas à part dans le cinéma : "Le film qui était un one-shot et devient soudainement une trilogie". Souvenons-nous de "Matrix", par exemple, avec ses deuxième et troisième opus super brouillon dans leurs histoires - et la mythologie locale qui se pétait totalement la gueule. Quand c'est fait pour être un unique run et qu'on y accole une suite - en sachant que la dernière partie du triptyque est déjà dans les tubes - eh ben on a toutes les chances de flipper. Pour Dragons, la transition se fait bien. Très bien, même. En outre, fini la carte du voyage initiatique, cette fois, c'est des menaces assez nébuleuses que découvrent nos héros. Nébuleuses parce que, si le grand méchant est cité dans les vingt premières minutes du film, il faut presque attendre le dernier tiers pour le voir clairement apparaître. Est-ce un mal ? Pas vraiment. La structure du film s'en ressent, étrangement assez lent alors que l'adversaire semble vouloir agir de façon imminente. Mais non, clairement, on prend son temps pour poser de nouvelles thématiques, parfois très présentes, parfois bien plus vicieuses. Parce qu'au final, la question centrale du métrage va surtout être la transition : Harold, on l'apprend dès le début, doit prendre la succession de son père à la tête du village et ça, Harold n'y est pas prêt. Dans le couple qu'il forme avec Astrid, lui, c'est le rêveur. Maintenant que le problème des dragons est réglé, il a besoin d'un autre problème insoluble auquel appliquer une solution complètement bizarre et la fameuse menace dont je parlais plus haut est le prétexte pour lui de fuir Burck. Eh oui, Harold est devenu grand, il maîtrise maintenant la fuite face aux vrais problèmes ! Yahou ! L'autre thématique pas mal et plutôt bien déployé parle aussi des liens entre les gens à l'intérieur d'une cellule familiale et je regrette presque qu'il n'y ait pas plus de lien fait entre le couple Harold-Astrid et un autre couple qui se dessine plus tard dans le film. Au demeurant, c'est tout aussi intéressant et en prime, c'est très bien construit, avec l'intelligence du précédent volet. Plutôt rassurant, donc, d'autant que la première apparition d'Harold m'avait un peu fait peur, avec son discours en forme de "je ne sais toujours pas quoi faire de ma vie", très poncif ennuyeux qu'on ressort à chaque fois qu'un personnage entre dans l'adolescence. Heureusement, ce n'est que le prétexte à pousser le Viking dans l'aventure, donc ça va, je pardonne cette amorce poussive !
Par contre, tout n'est pas rose au pays des dragons. Déjà, la structure du film est un peu étrange. Quand on sait qu'il s'agit du second opus d'une trilogie, le dernier tiers du film donne presque l'impression d'appartenir au film suivant tant il tranche avec le reste et même, s'amorce à partir d'une situation qui ressemble vachement à une fin de film. Bon, ça n'est pas très grave, c'est juste très surprenant quand le film reprend de plus belle après une séquence que je ne voyais que se finir en crédit de fin ! Nan, le véritable truc qui m'a un peu ennuyé, c'est que l'excellent rapport entre personnages féminins et masculins n'a plus vraiment prise. Dragon 2 s'articule quand même sur un rapport entre deux personnages féminins fort (Val et Astrid), face à deux personnages masculins tout aussi forts (Stoïque et Harold). Ces quatre personnages sont présentés comme équivalents en terme de compétences et d'importance... jusqu'aux scènes d'action où les personnages féminins s'effacent de façon assez consternantes. Astrid, par exemple, n'a plus du tout la place qu'elle avait auparavant et plusieurs fois, elle sert même de faire-valoir. Pire, elle sert de faire-valoir à un nouveau personnage de la franchise. Dur. Pour enfoncer le clou, il me semble même l'avoir entendu haranguée Harold en l'appelant "Vas-y mon Harold, montre-leur". Arf, comme si elle ne pouvait pas le montrer elle-même. C'est dommage parce qu'en prime ATTENTION SPOILER Astrid avait toutes les qualités pour finir Chef à la place d'Harold mais c'est Harold qui est malgré tout intronisé. J'espère que le troisième opus appuiera sur cette situation, ça pourrait faire un bon point de départ. Sinon, c'est vraiment bête de ne plus se montrer aussi pertinent dans les rapports homme-femme-récit qu'auparavant.

Au final, une suite d'une putain de bonne facture, ça, c'est clair. Les cinq ans qui la séparent du premier opus ont permis aux personnages de mûrir, ainsi qu'aux thématiques abordés. C'est toujours putain de beau (j'insiste là-dessus, mais sérieux, y'a de la mer et des flammes, pour moi, les deux trucs casse-gueule par excellence et le film le tient super bien !). On se retrouve face à un divertisement d'une sacrée bonne facture, qui arrive presque à se hisser au niveau de son prédécesseur, tant il est dynamique et plutôt chouette. Malheureusement, il est quand même plombé par l'inévitable "Je ne sais pas qui je suis, j'aimerai tellement trouver une place dans ce monde" mood, qui a tendance à me casser les roupettes (surtout qu'autant à 15 ans, dans sa situation, je pouvais comprendre Harold, là, 20 ans, aimé et apprécié de tous, en couple, plutôt libre dans ses mouvements, j'avoue que j'ai du mal). Mais j'étais peut-être un peu mauvais à ce niveau parce que ça me rappelait un peu trop Amazing Spider-Man 2. Et il y a cette étrange déséquilibre entre les personnages masculins et féminins qui n'existait pas auparavant et qui m'a quand même emmerdé. Mais à part ça, on peut y aller les yeux fermés, ça reste bien au-dessus de la production actuelle et il y a pas mal de thématiques qu'on devine pour le troisième opus et que, personnellement, j'ai hâte de découvrir !
0eil
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le 5 juil. 2014

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le 6 juil. 2014

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