L’heure du jugement est venue

Oubliez tout du Judge Dredd de Danny Cannon. Plus cru, réaliste, hardcore, ce huis clos survitaminé très éloigné de la version de 95 vous invite à découvrir l’univers de Dredd flanqué de sa recrue télépathe, la jeune Cassandra Anderson pour une évaluation sur terrain qu’elle ne sera pas prête d’oublier, et vous non plus. Aucune sortie, aucun lieu sûr, une seule façon de s’en sortir : tirer pour tuer.


Le justicier absolu fait son retour et change de traits


11 Février 2013, le Juge Dredd revient, passant malheureusement par la case DTV pour plus de sécurité. Doit-on pour autant le mettre dans la catégorie navet? Est-il meilleur, en dessous ou au dessus du Judge Dredd de 1995? A la manière de Punisher Warzone, Dredd se regarde comme une sorte de semi-reboot. Hormis le changement esthétique, l’origin story, le monde dans lequel évolue le personnage, on n’y touchera pas.


L'univers, crade, sinistre, punk, violent, se rapproche visiblement plus de la Bd d'origine. Néanmoins, passe-t-on pour autant un bon moment? Avouons-le, perdre Stallone, l'humour, l’esthétisme de la version de 95 gâche un brin le plaisir que procure ce film. Pourtant, ce n'est pas faute d'envoyer du lourd esthétiquement parlant. Sans prétentions, cette série post-apo a de nombreuses qualités. L’une d’elles : Anderson, l’équipière télépathe de Dredd , dont on s’y attache de par son passé et son coté plus humain que celui de son professeur. Quant aux scènes d’action, pur plaisir.


L’action dans Dredd est bien plus impressionnante que celle de la version avec Stallone. Ce huis clos mi-futuriste, mi-moderne s'éloigne radicalement de l'œuvre de 95. Imaginez Robocop rencontrer l’univers de Die Hard. Chaque séquence voit sa mise en scène changer. Rendre morts, violence, perversité, et sang beaux, c’est ce que Dredd fait le mieux et il exploite à merveille le Slo-mo, cette drogue dans le film qui fait que le consommateur voit son cerveau fonctionner au ralenti, un ralenti tellement extrême qu’il peut rendre n’importe quelle chose fascinante et gracieuse. Dans un monde devenu épouvantable et où les survivants tentent de trouver de la beauté quelque part, cette drogue semble leur offrir ce qu’ils cherchent. Réussite totale pour l’utilisation de cet effet, certaines scènes au ralenti rappellent les vignettes d’un comic, banco !


18 années séparent la version de 1995 à celle de 2013. Les codes des séries Tv et du cinéma ont quelque peu changé. Exit donc personnages caricaturaux, fringues futuristes kitsch et ambiance édulcorée, place au réaliste et au sombre, au TRES sombre. Exit Stallone, bonjour à Karl Urban se glissant dans un nouveau costume du Juge Dredd. L’acteur a certes changé, son âme, pas vraiment. Dredd ne fait pas dans la dentelle, il est justicier, à la fois juge, juré et bourreau. Pas d’alter Ego à la Clark Kent ou Bruce Wayne, il est tel qu’il est et tant pis si ça ne plait pas. Notre justicier sème la terreur. Intéressante combinaison.


Imaginez un peu votre plus grand héros et votre pire cauchemar réunis en un seul homme. Dredd fait parti de ces héros pour adultes qu’enfant, on regarde en cachette. Notre type ordinaire à l’air pas commode a une vision manichéenne de la justice. Le meilleur dans son domaine, le plus redouté. On peut le blesser, on peut le faire saigner, il reste un vrai dur à cuire. Karl Urban est le deuxième meilleur choix pour interpréter ce personnage. Plus ténébreux, le fait de laisser le casque à l’acteur permet d’ajouter plus de mystère. Karl Urban, il gère.



Vous voulez que je vous dise depuis quand j’ai pas vu un juge ici ?
Maintenant vous en avez un.



Quand la version de 2012 ne commettait pas les bourdes de celle de 95…


L’équipement de Dredd fait partie intégrante du personnage. Ce costume est une sorte de peau. Oubliez le justaucorps, veste cintrée avec épaulettes dorées ne sont plus, le nouvel équipement de Dredd et des autres juges a changé, bien que l’on est gardé quelques éléments importants tels le casque de combat, l’emblème des juges sur les épaules, la plaque de juge sur la poitrine. Le nouveau costume des juges est directement inspiré des unités antiémeute. Un costume plus à l’image de cette société futuriste réaliste en décomposition.


La bourde de la version de 95, ne sera pas commise une seconde fois, le casque de Dredd, celui le symbolisant, jamais il ne sera retiré. Attention, ce casque n’est pas juste là pour le look du justicier. Il le protège des accidents de la route, des agressions physiques et surtout des tirs de balles. Oui, le Pacificateur fait bien son retour. Un design et une utilisation plus réaliste, dites au revoir à la charmante voix entendue lors des ordres donnés, les munitions type (incendiaires, perforantes, ect) ne se sont pas envolées, on passe d’un mode de tir à un autre, on doit cette fois recharger. La moto volante propre à notre Juge, plus réaliste, moins massive et enfantine prouve une nouvelle fois la volonté des réalisateurs à offrir un univers futuriste crédible.


Vous avez donc compris, les éléments esthétiques de la bd des années 70 ont été pour certains conservés mais mis au gout du jour pour plus de crédibilité. L’équipe du film a compris que le Dredd de 95 était sur bien des points ridicule. Autant ça fonctionnant en 90, autant en 2012, non. Autre point appréciable, on ne triche pas à coup de fond vert, Dredd à moto, c’est comme si on était à l’arrière. Accrochez-vous bien !



Habitants de Peach Trees, ici le Juge Dredd. Au cas où vous l'auriez
oublié, ce block est régit par les mêmes règles que le reste de la
cité. Mama ne représente pas la loi. La loi c'est moi. Ma-Ma n'est
qu'une vulgaire criminelle. Coupable de meurtres, coupable d'avoir
produit et vendu une drogue connue sous le nom de Slow-Mo. En
conséquences, elle est passible de la peine de mort. Quiconque fera
obstruction à l'implication de la sentence sera tenu pour complice de
ses crimes. Je vous aurais prévenu...et toi aussi Ma-Ma… . L’heure du
jugement est venue.



…mais quelle en commettait de nouvelles


Et l’histoire dans tout ça ? C’est là le hic de ce film. Le scénario, peu original, lorgne du coté d'Expendables 3 et The raid. On ira droit au but, on se la jouera bourrin, on ne vous demandera pas de réfléchir, MAIS on ne s'empêchera pas de vous offrir quelques surprises et autres rebondissements. Les dialogues tiennent la route, le jeu des acteurs tient la route, jamais on ne frisera le ridicule souvent ressenti dans Judge Dredd 95.


Pas de décors en carton, pas de véhicules volants à part des drônes, pas de robots, pas de personnage humoristique présent pour adoucir l'histoire, Dredd, si a quelques reprises il essayera de balancer quelques punchlines faisant ricaner, il se voudra très sérieux. Vous n’avez qu’à voir la tête de la bad guy de l’histoire pour comprendre où vous avez mis les pieds. Cersei est de retour et elle a prit cher. Tatouages, lèvres gercées, dents pourries, visage défiguré, regard injecté de haine, celle que l’on surnomme Ma-ma dans Dredd est le mal incarné. A coté, Rico (Judge Dredd) est un enfant de chœur.


Au final, vous l’aurez compris, Dredd 2012 a gommé les imperfections de Judge Dredd 95. Toutefois, malgré son jeu d’acteurs, sa richesse esthétique et son ambiance incontestablement plus mature que son homologue, son scénario trop simpliste, ses musiques pas assez épiques et son univers futuriste pas assez fun, feront que Dredd n’égalera ni surpassera son prédécesseur. Au moins, ça restera plus fidèle au comics. Déjà ça de gagné vous me direz !

Jay77
7
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Créée

le 9 mars 2019

Critique lue 331 fois

Jay77

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