Drive est un trip musical et visuel qui rend un vibrant hommage à la conduite de nuit, aux réverbères qui se reflètent sur le pare-brise, et aux enseignes de Kebab qui brillent sur le bitume. Tout ça enrobé d'une superbe musique d'ambiance, éléctro-vocale, qui m'a personnellement rappelé les séquences Air de Virgin Suicides.
Ces longues phases sont régulièrement entrecoupées de soudaines accélérations, l'action surgissant comme un coup de poing sous la forme d'une course-poursuite, d'une bagarre ou d'une petararde quelconque. Ces cassures dans le rythme intensifient admirablement les scènes de calme et de pleine zénitude.
Malheureusement le réalisateur ne joue pas cette carte crânement. Le scénario finit par cannibaliser la vie dans l'habitacle, et en donnant un semblant d'objectif au héros, il élimine l'envie naturelle que l'on avait de se laisser emporter dans un rêve de néons. Déjà en voiture, le réalisateur filme presque exclusivement l'acteur, sans s'intéresser particulièrement aux rues visitées, aux gens croisés, bref à la vie la nuit (comme Collatéral nous l'avait un peu fait gouté). Résultat, ces scènes sont redondantes, alors qu'elles ne sont pourtant pas si nombreuses. De même, un scénario sympa, mais finalement trop terre à terre par rapport à l'ambiance recherchée nous raccroche vite aux petits problèmes de la vie quotidienne de notre héros. Du moins je le vis comme ça lorsque j'apprends que le héros tombe un peu amoureux de la voisine mais pour l'aider il doit combattre un petit gang de mafieux. On est loin d'un quelconque héros embrumé, sous le joug de différentes menaces dont il ne sait s'extirper, ou encore au travail trop éreintant pour qu'il sache aisément discerner rêve de réalité (A tombeau ouvert le faisait bien, même si je m'y suis également ennuyé).
Bref, le film nous rattachant à chaque instant aux plateurs du scénario, cette aventure subliminale n'arrive pas à décoller autant que le voudrait le réalisateur. Ce dernier va alors jeter ses derniers artifices dans une histoire qui aurait mérité d'être revue depuis le début. Tout d'abord, certaines scènes sont illogiques, et se retrouvent à tomber à plat face à notre incompréhension ( [SPOILER] cf. la scène du baiser dans l'ascendeur, avec le tueur qui regarde, la scène finale ou le héros se fait planter bêtement, le sac à billet laissé sur le parking [FIN SPOILER]). Si ces scènes étaient réalisées dans le but de rendre le scénario plus obscur, ou notre héros trop torturé, ça ne suffit pas, et il aurait fallu revoir l'armature même du scénario pour partir dans une thématique plus sombre dès le début (je pense à "Sur les quais" d'Elia kazan, pour le genre d'ambiance que j'aurai voulu retrouver, mais à appliquer sur un scénario se déroulant par ex. dans les Go Fast, ou chez les routiers... ce sont des pistes comme d'autres).
Autre artifice utilisé pour complexifier un personnage pas gaté par le scénario : rendre notre héros quasiment muet. Pour un film contemplatif, ça peut se comprendre, mais comme on l'a vu, il n'est pas si contemplatif que cela. Ce que je veux dire, c'est que dans sa caisse, avec une musique d'ambiance qui envoie, il peut se taire. Mais lorsqu'on lui parle, il a le droit de répondre bon sang ! Le syndrome Gordon Freeman a de quoi énerver. Un sourire ne suffit pas toujours ! Surtout qu'il se met à parler comme Jason Staham "Le transporteur" lorsqu'il s'agit de préparer un casse, récitant platement son mode opératoire. Bref, on n'y croit guère.

Pas vraiment film d'action, pas vraiment film d'ambiance (par manque de Guts ?), Drive nous propose finalement un entremêlement des genres, d'où l'on retiendra une chtite histoire d'amour contrariée par une petite équipe de mafieux attentistes mais également un petit peu galériens. Dommage.
L-AmeRickain
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le 5 oct. 2011

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L-AmeRickain

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