J'avais pourtant lu beaucoup de critiques, j'étais prévenu. Et pourtant, Drive m'a quand même mis une sévère claque.
Dès le début du film le ton est donné. Et quelle intro ! Une prise à la gorge d'entrée de jeu, la tension jusqu'au bout des doigts, le tout avec une réalisation au coeur de l'habitacle, sans artifices, sans surenchère, sans explosion. Une intro coup de poing qui donnera d'ailleurs le La du film entier.
Le scénario pourrait tenir sur un timbre poste, on pourrais y voir une vague série B, mais les choses sont un tantinet plus complexe.Drive est un énorme contrepied, balancé à la face d'un public consommateur et casualisé à la sauce Fast and Furious. Ici point n'est question de montrer qu'on a la plus grosse. Le "héros" n'en a pas besoin. Il sait qui il est (le spectateur ne le saura jamais lui), il déborde de confiance, d'assurance, voire de charisme mais pas d'arrogance. Ryan Gosling nous sert un personnage presque mutique, calme, souriant, mais terriblement dangereux pour peu qu'on s'en prenne à lui ou à son entourage.
Drive joue au yoyo et alterne des scènes calmes voire purement planantes ou tendre (l'ascenseur) avec des scènes extrêmement violentes. Une violence qui n'est toutefois jamais gratuite et qui sert le film. Une violence condensée sur des scènes courtes mais particulièrement intense. Le héros ne tue pas par plaisir mais parce qu'il le doit, parce que la situation l'impose. Il est capable de le faire, il le fait, sans sourciller presque. Il n'y prend pas de plaisir mais fait juste ce qui doit être fait, et le travail est propre, d'une efficacité effrayante.
Drive s'appuie également sur un travail visuel remarquable. La photographie est excellente et les scène de nuit sont sublimées. Le film est finalement assez peu bavard mais laisse beaucoup de place au jeu silencieux des acteurs pour lesquels quelques gestes ou regards sont infiniment plus éloquent que plusieurs ligne de texte. Les acteurs sont tous impeccable avec une Carey Mulligan juste à croquer, un Brian Cranston bien loin de son perso de Breaking Bad, et un Ron Pearlman pas si éloigné du sien dans Sons of Anarchy.
Un gros gros coup de coeur aussi pour la bande son du film qui est juste sublime. Entre rythme electro et son des années 80" on nous sert une superbe ballade. Juste ce qu'il faut pour accompagner une bonne sortie by night ou sur les Highways, le sourire au lèvres, le pied sur l'accélérateur et un V8 qui ronronne.
Au final j'ai pris mon pied à voire R.Gosling en anti-héros totalement déjanté dans une histoire ou violence décomplexée et sobriété extrême font finalement un merveilleux mélange des genres. Un grand film de 2011.
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