Thomas Vinterberg et Mads Mikkelsen sont des valeurs sûres qui donnent envie de foncer voir Drunk les yeux fermés. Il s'agit d'une expérience où quatre professeurs quarantenaires mettent en pratique une théorie selon laquelle l'être humain aurait un déficit d'alcool dans le sang. Si, lors de ses prémisses, l'expérimentation est sous contrôle, révélant effectivement une amélioration d'un point de vue professionnel, social et intime, cette pratique va vite dégénérer une fois le taux d'alcoolémie augmenté. Tout va devenir incontrôlable, lamentable, irréparable... Avant d'aller le voir, j'avais entendu des sons de cloche enjoués disant que Drunk donnait envie de se bourrer la gueule avec des copains, de faire la fête, de retrouver les effets positifs de cet état d'ébriété... Ce n'est qu'après que j'ai compris que ce qui accentue ces envies, c'est à nouveau notre contexte actuel ultra-contraignant, qui limite amplement toutes nos interactions sociales. Drunk devient alors un hymne à la liberté qui fait presque figure des vestiges des us et coutumes d'une civilisation ancienne... et donc, je l'ai trouvé clairement surcôté ! Moi qui ne suis pas adepte de la picole, j'ai traversé Drunk comme un long fleuve tranquille, analysant le point de vue neutre du réalisateur qui loue et dénonce tout à la fois les effet de l'alcool. C'est interessant, surtout pour la performance nuancée de ses acteurs (Mads Mikkelsen est génial à observer tout comme ses comparses), sans être palpitant pour autant... En fait, j'ai l'impression de m'être vraiment ennuyé et quand je vois les critiques dithyrambiques, je me dis que je suis passé à côté. Perso, le scénario ne m'a pas du tout marqué, je l'ai trouvé très simple et prévisible dans la chute de ses personnages. La mise en scène est soignée, certains passages font sourire, il y en a qui m'ont agacé, d'autres plus dramatiques sont forts par l'intensité des acteurs mais restent banals en soit. Mais s'il y a bien un moment de pure beauté, qui élève Drunk au rang de film à voir, c'est son final, véritable acmé libérateur qui résume à lui seul toute l'ambiguïté du propos de ce film, entre larmes et espoir. Mads Mikkelsen dévoile une carte qu'on ne lui attribuait pas et touche directement au coeur. Par sa majestuosité (oui, le mot est juste !), cette fin anecdotise le reste du film qui se déroule sans surprises. Et dans cette histoire sans morale et hétéronormée, j'ai du mal à en tirer l'intention du metteur en scène : l'alcool c'est bien mais pas trop ? La crise de la quarantaine, c'est dure ? Attention, cette critique a été écrite sans alcool dans le sang. L'abus d'alcool est dangereux pour la santé.

alsacienparisien
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le 8 nov. 2020

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