Tout d'abord destiné à la TV, Duel sera le premier film du cinéaste distribué en salles. Et pour cause.
Duel, comme l'indique son titre, oppose un homme ordinaire (David Mann) roulant tranquillement sur la route, à un camion. La voiture que possède David paraît relativement petite comparé à l'énorme bolide, sorte de monstre métallique, ne cessant de lui courir après.
Duel, c'est avant tout une journée dans la peau de monsieur-tout-le-monde, ou comment une relative bonne journée se transforme en enfer. Ainsi, la dégradation et l'évolution psychologique du personnage principal n'est pas laissée sur la touche. David, à force de s'énerver, se met rapidement à péter les plombs. La scène du restau' l'illustre plutôt bien. Ce pétage de plomb se transformera ensuite en frustration, et une sorte de sentiment d'impuissance ne tardera pas à se faire ressentir chez cet homme, accentué lors de la scène de l'autocar, car malgré sa bonne volonté, il ne parvient à apporter son aide. Une seule solution s'offre à David s'il veut retrouver ses esprits: gagner la partie.
J'avais entendu beaucoup de bien au sujet du film (mon père notamment), et j'avais peur d'être déçu. Force est de constater que le film se révèle être une très bonne surprise. Dès son premier essai cinématographique, Spielberg avait frappé fort, très fort. Difficile de s'étonner qu'un type comme lui soit devenu un maître du divertissement, tant Duel semble maîtrisé du début à la fin. Pour preuve, la mise en scène du jeune cinéaste s'avère très inspirée. En effet, lorsque David ne connaît pas encore les intentions criminelles de son vis-à-vis, il pense avoir affaire à un jeu. A une simple course sur route. Un plan le traduit très bien: David s'arrête à une station essence, son adversaire aussi. Quasiment côte-à-côte, les deux véhicules semblent faire un "arrêt au stand", avant de repartir, comme dans une course automobile.
Un peu à la manière des meilleurs Hitchcock, la tension du film ne cessera de s'accroître de minutes en minutes.
Bien évidemment, le fait de ne pas dévoiler le visage du chauffeur ennemi est un choix narratif intelligent, un peu comme si le poids lourd agissait de son propre chef. Une sorte d'alter-ego à la voiture Christine de Carpenter.
On pourra peut-être regretter quelques redondances scénaristiques et un final quelque peu attendu, mais le film ne pouvait s'achever autrement.
Du solide.