Duel par Gérard Rocher La Fête de l'Art

David Mann vit avec sa femme et ses enfants. Comme chaque jour il prend la route puisqu'il est représentant en informatique. Le client n'attend pas, il s'agit pour David d'être ponctuel à son rendez-vous assez éloigné de son domicile. Ce matin-là il fait beau et l'autoradio annonce que les routes californiennes sont calmes. Au volant de son véhicule notre représentant roule tranquillement jusqu'au moment où il va se retrouver derrière un énorme camion citerne bruyant et fumant. David ne peut rien faire d'autre que de le doubler mais le camion le rattrape et le double à son tour. C'est alors que va s'engager une vraie course poursuite entre les deux protagonistes. Toutefois un mystère reste très troublant, David Mann ne voit jamais le chauffeur de ce camion, il aperçoit juste durant un bref moment ses chaussures.


David Mann n'est pas un homme heureux avec son épouse qui semble "tenir la baraque". Ce matin-là quelques explications doivent être mises au clair après une soirée un peu agitée avec un ami mais David part à son travail dans sa grande voiture rouge. Il ne s'imagine pas qu'il va vivre la pire journée de sa vie. Un monstre le pourchasse et notre homme va passer de l'interrogation à la colère et de la peur à la panique. Ce camion laid, énorme, parfois lent, parfois très rapide va le harceler. Il s'agit aussi pour notre malheureux automobiliste d'observer et de réfléchir, de prendre son temps également et d'évacuer ce cauchemar. Au cours d'une halte dans un restaurant il va enfin pouvoir fausser compagnie à son poursuivant mais son regard se détournant vers le parking il aperçoit l'énorme engin semblant le provoquer. Chaque client devient alors suspect et l'automobiliste s'enflamme mais le camion repart. David en fait de même un peu plus tard toutefois au détour d'un lacet le camion l'attend et semble le défier. Aucun doute, quelqu'un veut supprimer David Mann. Commence alors une partie d'échec pour la vie ou pour la mort.


C'est dans une énorme course poursuite cauchemardesque que nous entraîne Steven Spielberg pour son premier film long métrage. Au départ "Duel" était un téléfilm tiré d'un livre de Richard Matheson, également scénariste de cette œuvre qui avait connu ce genre de mésaventure suite à une faute de conduite due à son état de choc en apprenant l'assassinat du président Kennedy. Le téléfilm fut donc rallongé afin de pouvoir être distribué en salles. Ce fut une franche réussite puisque ce thriller obtint un beau succès public et remporta même le prix du "Festival International du Film Fantastique d'Avoriaz" en 1973. Il faut dire que le sujet est simple et solide à la fois car en plus du mystère entourant ce bolide de quarante tonnes, cette terrible aventure, cette poursuite impitoyable, nous mène tout droit au paroxysme du suspens. On tente de soulever des hypothèses car la porte est grande ouverte pour laisser divaguer notre imagination. Je me suis même demandé si la soirée mouvementée de la veille n'était pas l'une des causes possibles de cet acharnement. La réalisation est absolument fantastique, elle nous réserve un final hors du commun où on assiste à la mort de cette bête impressionnante terrassée comme un animal préhistorique. Nous assistons aux derniers soubresauts du monstre désarticulé puis... le silence.


Steven Spielberg débute donc sa carrière d'une manière fracassante car ce film ne laisse à aucun moment notre esprit en repos. La mise en scène est impressionnante avec des paysages grandioses magnifiés par une caméra qui nous entraîne avec une précision d'orfèvre dans les méandres d'une route énigmatique, avec ce mastodonte, d'une couleur indéterminée, au klaxon rappelant le cri d'un animal fantastique, fumant comme une usine et jouant au chat et à la souris avec la voiture rouge. Du côté acteurs retenons, et ce n'est pas coutume, les excellentes prestations de l'imposant camion Peterbilt (il en fallu plusieurs pour le tournage) et de la Plymouth Valiant toute rouge pour leurs activités incessantes, spectaculaires et inquiétantes. Pour couronner cette œuvre, Dennis Weaver se montre absolument exceptionnel dans le rôle de l'infortuné David Mann, traqué et malmené physiquement et psychiquement par un chauffeur inconnu.


Je vous conseille donc vivement de voir ou de revoir ce film qui lança la carrière d'un metteur en scène de génie. Il est difficile de ne pas se laisser prendre au jeu de cette curieuse énigme palpitante à s'en ronger les ongles.


CE FILM A OBTENU :



  • Emmy Awards en 1972 pour le meilleur montage sonore,
    • Grand Prix du Festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1973 .


Autres critiques de films de Steven Spielberd à votre disposition :
- Il faut sauver le soldat Ryan :
http://www.senscritique.com/film/Il_faut_sauver_le_soldat_Ryan/critique/21098506
- E.T. :
http://www.senscritique.com/film/E_T_l_extra_terrestre/critique/22223405
- :Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne :
http://www.senscritique.com/film/Les_Aventures_de_Tintin_Le_Secret_de_la_Licorne/critique/21100071

Grard-Rocher
8
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le 10 nov. 2014

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