Le milieu des années 90 a sans doute été la meilleure période dans la carrière de Jim Carrey. En quelques mois, le comédien sortit Ace Ventura, The Mask et Dumb and Dumber aux USA (et dans un ordre différent en France, The Mask étant sorti en premier) lui permettant d’exploser sur grand écran. Et si son rôle de Stanley Ipkiss avait fait parler de lui pour les pitreries de l’acteur et les effets spéciaux révolutionnaires mis en place, il ne fallait pas non plus passer à coté de Dumb and Dumber, surement le film le plus timbré de sa carrière signé des géniaux frères Farrelly.

20 ans après, les deux scénaristes et réalisateurs ont décidé d’offrir aux personnages de leur premier film une deuxième aventure qu’on espérait aussi hilarante que la première. Le résultat, s’il n’est pas déshonorable, ne tient malheureusement pas la comparaison.

Que s’est-il passé pendant les vingt ans qui séparent les deux volets ? A vrai dire, strictement rien. Peter et Bobby Farrelly ouvrent leur film sur Jim Carrey, barbu et chevelu, légume en chaise roulante dans un hopital psy où il est depuis pratiquement la fin du premier film. Une pirouette scénaristique qui permet de retrouver les personnages comme en 1994 sans avoir à justifier quoi que ce soit si ce n’est un bon gag en guise d’introduction. L’histoire peut alors démarrer. Cherchant à retrouver sa probable fille, Harry emmène Lloyd avec lui dans un nouveau road trip pour la frontière mexicaine, avec un paquet à conduire tout du long et un vrai but, trouver à Harry un rein avant qu’il ne meurt.

Tout cela n’est pour les Farrelly qu’un gros prétexte à réitérer le schéma de Dumb and Dumber premier du nom : montrer deux adultes attardés et totalement crétins dans un monde qui les dépasse et les faire traverser le pays pour atteindre le but ultime, une très jolie fille, et lui délivrer un paquet, le tout en traversant tout un tas de situations délirantes et propices à faire rigoler, tout en surfant, ici, sur quelques références au premier volet.
On pourrait se foutre que le film ressemble à son prédécesseur -surtout dans sa première partie- et que tant qu’on peut rigoler grassement ça suffira. Mais Dumb and Dumber De manque cruellement de scènes cultes. Souvenez-vous, au hasard, de l’hilarante scène du fast food du premier film qui fait encore rire 20 ans après pour ne citer qu’elle. Le nouveau volet ne fait qu’enchainer les gags très courts, sans jamais chercher à aller encore plus loin. Alors oui, on se marre, parfois un peu, parfois aux éclats mais il manque quelque chose, un petit plus qui faisait la force du film de 1994.

Certes, c’est encore drôle, notamment grâce à des scènes venues de l’imagination et du passé des personnages, et les Farrelly sont toujours autant sans limite mais quelque chose ne fonctionne plus vraiment. Peut-être aurait-il fallu chercher à faire un film foncièrement différent, partant dans d’autres directions, qu’à chercher à reproduire un schéma déjà vu. Le problème ne vient certainement pas de Jim Carrey, toujours aussi en forme, ni de Jeff Daniels manifestement content de pouvoir totalement se lâcher, à des milliards de kilomètres de son personnages de Jim McAvoy. Les deux compères prennent un plaisir manifeste à tourner ensemble et s’en donnent vraiment à cœur joie. Non, il y a quelque chose de cassé du coté des frères Farrelly qui tentent de reproduire un peu vainement ce qu’ils faisaient il y a vingt ans.

Faut-il aller découvrir les nouvelles aventures de Harry & Lloyd en salle ? Oui, mais un petit oui. Si vous aimez l’humour bien gras des réalisateurs, enchainant des blagues sur les sondes urinaires, montrant un chat qui pète des plumes et se moquant de tout ce qu’ils peuvent, vous vous amuserez comme il faut. Mais le film, contrairement à son prédécesseur, ne restera pas dans les anales.
cloneweb
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le 15 déc. 2014

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