Lézard du spectacle
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Ayant cédé aux belles images dévoilées par l'affiche et la bande annonce, dont on nous a rebattu les oreilles (LOL) depuis quelques semaines, je me suis résolu à aller voir le film, en espérant ne pas me tromper (Re LOL). Bon, j'arrête les vannes, ça commence à être un peu lourd (...). Mais l'objectif était d'infirmer mes préjugés, qui sont assez critiques lorsqu'il s'agit d'images de synthèse. L'argument Tim Burton était important. Il a pesé (tout comme son personnage, j'imagine), dans la balance des pour et des contres (j'avais pas dit que j'arrêtais les jeux de mots?). L'important, ayant été d'y aller sans caresser trop d'espoirs sur l'éventuel chef-d'oeuvre. En fin de compte, j'ai passé un bon moment. Oui, mais voilà. Je n'ai pas été transcendé. Juste passé un bon moment. Comme beaucoup de films où la synthèse réaliste a supplanté ceux un peu maladroits d'antan (je repense au formidable Jumanji de l'époque). Alors, qu'est ce qui différencie un troupeau d'éléphants retransmis par une synthèse un peu maladroite (bien que relevant de la prouesse à l'époque) et un Dumbo parfaitement bien dessiné, aux textures et aux gestuelles troublantes de réalisme? L'âme. C'est d'âme que manque cruellement le film. Pourtant, on y évoque les problématiques liées aux arts du cirques, un peu effleurées dans l'intrigue: la maltraitance animale, l'inhumanité de l'homme, dans sa soif de domination (le capitalisme que représente le grand "méchant" campé par Keaton nous interroge d'ailleurs sur la bestiale cupidité de l'Homme face à l'innocente bestialité de l'animal, questionnant les hierarchies de valeurs entre l'homme et la bête). Seulement, ces problématiques sont effacées au profit d'une avalanche d'effets spéciaux et de plans horriblement courts, sapant même le plaisir de contempler l'effet spécial, qui est une des visées du film. Voilà peut-être une des limites au progrès technologique dans le cinéma numérique: on en oublie l'âme d'un film. Là où un King Kong maladroit faisait vibrer tant de générations, où un Jumanji a vu naître mon adolescence et fait naître tant d'émois et d'imagination, Dumbo restera hélàs, en dépit de son immense potentiel, de ses excellents acteurs et de son esthétique irréprochable, un film parmi tant d'autres. Je suis sévère, mais je félicite tout de même le cinéaste pour la scène, la fameuse, faisant références au délire de Dumbo dans le dessin animé (j'évite tout spoil); un beau travail visuel (seule grande pause dans le rythme effréné dont je parlais).
Créée
le 10 avr. 2019
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