La grandeur dépend de l'imagination humaine qui crée les mythes

Imaginez un livre qui vous a profondément marqué au point que vous avez choisi le nom d’un de ses protagonistes comme pseudo sur les réseaux sociaux.
Imaginez une première adaptation cinéma absolument horrible où seule surnage la bande originale (soyons beaux joueurs).
Maintenant, imaginez qu’Hollywood annonce relancer une adaptation de ce livre. Au début, vous tremblez. Puis vous regardez un des films du futur réalisateur à savoir Sicario et vous réalisez que le gars n’est pas mauvais. Ensuite vous êtes rassurés sur sa capacité à filmer de la SF avec son premier film du genre, Premier Contact. Enfin, vous évacuez vos derniers soupçons sur sa capacité à s’emparer d’œuvres mythiques grâce au très beau, respectueux et vraiment réussi Blade Runner 2049.


Enfin arrive le film tant attendu et tant redouté. Vous vous y rendez avec un mélange d’euphorie et de crainte et au final… qu’est-ce que c’était bien !


Ce film est tout simplement brillant ! Qu’est-ce que c’est bon de voir apparaitre à l’écran cet univers qui vous a fait rêver pendant des années, de le voir prendre forme et de s’étendre sous vos yeux dans une photographie, une mise en scène et un sound-design parfaits. Ce film est beau ! Les décors sont beaux, les costumes sont beaux, les acteurs sont beaux - surtout ceux de la maison Atreides, en fait. Les Harkonnen étant d’horribles bonhommes, ils sont représentés comme tels mais sans être recouverts de bubons et de pus à la Lynch mais plus dans un style froid avec des teintes grises et noires huileux, poisseux qui font évidemment penser aux travaux de HR Giger notamment sur le Dune de Jodorowsky.


Le casting est parfait. Je n’attendais pas Timothée Chalamet dans ce registre mais il joue extrêmement juste dans ce rôle, portant le film avec une nuance et une certaine forme de naïveté propre au personnage. De son côté, Oscar Isaac campe à merveille le duc Leto Atreides, personnage le plus intéressant de cette première partie ; cet homme solennel, emprunt de noblesse et d’amour pour son peuple, se sachant condamné mais marchant sans peur vers une perte qu'il sait proche.


On peut reprocher, et moi le premier, à Hans Zimmer de ne plus réaliser depuis quelques films de réelles musiques et de livrer des compositions plus proches du sound-design que de la réelle bande originale mais force est d’admettre que ça colle parfaitement à l’ambiance du film même si on peut regretter l’absence d’un thème iconique comme l’a été le thème du Dune de 1984.


Bien évidemment tout ceci n’aurait qu’une moindre valeur si le film bafoue l’histoire originale. Et quel soulagement... quelle joie... l'histoire du livre et les intrigues qu'il soulève sont respectées ! Les thématiques parcourant l'ouvrage sont présentes, la politique et la mythologie intrinsèques au livre sont certes simplifiés même si le film avec ses 2h30 prend le temps de les poser mais restent totalement en accord avec ce qui est développé dans le roman. Et la raisonnance écologique et anticolonialiste est aussi bien amenée et correctement traitée.


Enfin, un réel effort a été fait pour que le film soit visible et compréhensible par un large public. Que vous ayez lu les livres ou non, vous allez passer un incroyable moment. Et si l’envie vous prend ensuite de découvrir les romans, et bien… préparez-vous à un voyage parfois ardu mais tout aussi incroyable.

Tellak
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le 19 sept. 2021

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Florian

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