Denis Villeneuve est un excellent réalisateur, il l’a maintes fois prouvé, de Incendies à Blade Runner 2049, sa filmographie parle pour lui.
Mais en abordant la science-fiction (Premier contact en 2016), c’est comme si son désir de cinéma était devenu de plus en plus élémentaire et cérébral, et de moins en moins spectaculaire et sensoriel. Choix audacieux, plutôt salué (par la critique en général) pour son intelligence, mais qui manquait déjà cruellement de chair, de sensations, d’instinct.
Chez Villeneuve tout est raisonné jusqu’à l’épure, rien ne transpire d’images grises, désincarnées et asséchées, de visions futuristes hyper simples suggérées dans un halo de lumière blafarde. Aucune faute de gôut esthétique, mais aucune prise de risque non plus, puisqu’il n’y a rien à voir ou presque... Au spectateur de se faire son film lui-même, quelque part dans sa tête, s’il en est capable.
Dans Dune, il faudra se contenter des beaux visages lisses et sous-exposés de Chalamet et Fergusson pour imaginer le drame intime d’une quête intérieure. C’est déjà pas mal, me direz-vous, d’autant que le casting est irréprochable, mais sur 2h30 avec l’abrutissante musique d’Hans Zimmer, on peut toujours saluer le talent et les louables intentions de l’auteur, et ne pas partager son délire autiste. Le Dune de Villeneuve est donc aussi atone qu’emphatique. On verra si tout ça se confirme, ou pas, avec le second volet.