Le Dune de Villeneuve est, un peu comme son Blade-Runner, il est assez difficile de dire si c'est un grand film ou non... On passe un excellent moment, on salue le minimalisme sur le fond et la forme, le gigantisme, la beauté froide, la photographie (d'un contraste ultime qui tantôt vous plonge dans la pénombre pour ensuite vous bruler les yeux), l'usage mesuré du numérique (l'anti Disney Star-Wars) et les acteurs tous impeccables. On est bien devant un vrai film de cinéma (avec des clins d'oeil appuyés à Apocalypse Now ou Lawrence d'Arabie) techniquement brillant.
La où Villeneuve patine, c'est pour donner du relief et un point de vue à son adaptation. Le Dune de Lynch était raté, mais baroque et personnel. Celui de Villeneuve est propre sur lui mais manque de profondeur, de singularité, de charisme. Il surfe certes habilement sur les tendances écologistes (appauvrissement des ressources et réchauffement) et féministes (la mère et la prêtresse - superbe Rebecca Ferguson et mystérieuse charlotte Rampling) de l'époque, mais la simplification du récit (et des dialogues) et le casting (duo Chalamet-Zendaya) rappellent parfois des sagas pour teen-ager (Hunger Games). C'est très beau, c'est planant, il y a des scènes splendides, mais l'ensemble manque d'émotion et de complexité. La BO de Zimmer est quant à elle assez fade sans thème marquant et grandiloquente.
Pourtant je tiens à nuancer ces critiques car DUNE 2020 est bien au dessus des blockbusters habituels et reste une vraie réussite au regard du projet "casse-gueule" que constitue l'adaptation de ce monument de la littérature SF (le format série - quelques parallèles avec GOT sur les enjeux - serait plus approprié compte-tenu de la densité du roman). Et il s'agit là d'un premier volet et j'ai bon espoir que la seconde partie gagne en profondeur et finisse par nous emporter totalement.