Pas pour tout le monde.

C’est avec une certaine attente que je suis allé voir Dune, dernière réalisation de Denis Villeneuve, réalisateur acclamé et ayant à son actif bon nombre d’excellentes productions, dont une (Premier Contact/The Arrival) qui fait partie de mes films préférés. Concernant l’univers du film, je n’ai ni lu les bouquins, ni vu un quelconque média qui les adaptaient en dehors du film original de 1984, vu une seule fois il y a de très nombreuses années. Autant dire que c’est davantage pour le réalisateur que pour l’univers que j’allais voir ce long-métrage pour ma part.

Le résultat est ma foi tout à fait au niveau de mes attentes. Je ne dirais pas que j’ai pris une claque, ou que c’est une bonne surprise, car quand c’est Villeneuve derrière la caméra, je m’attend à ce que le film soit excellent. Mais il n’a pas déçu, bien au contraire. Dune est un film complexe, à l’univers froid et parfois difficile à suivre, porté par des personnages superbement interprétés.

Si le casting est 5 étoiles, aucun des acteurs et actrices ne déçoit. Timothée Chamalet, bien que j’ai du mal avec cet acteur, fait un très bon boulot et on ne peut pas le lui enlever. De même, Rebecca Ferguson est on ne peut plus impliquée dans son personnage, et tous les autres acteurs se fondent dans leur rôle et livrent une performance très convaincante, à l’image d’Oscar Isaac et Jason Momoa.

Dune est un univers qui se veut complexe et assez froid dans sa représentation: le style très épuré de Villeneuve retranscrit d’ailleurs à la perfection l’esthétique très travaillée et à la fois simpliste de certains vaisseaux, ainsi que les environnements comme les déserts, dont on pourrait presque ressentir les grains de sable sur nos mains. Le grandiose de certains plans et de la mise en scène permet également de nous impressionner et de nous immerger encore plus dans ce monde, qui bien qu’on ne peut plus fictif, nous semble accessible tant il apparaît réaliste et détaillé.

Cela dit, si Dune peut nous rappeler notre monde, c’est sans doute aussi par ses messages et en particulier le traitement de l’épice, ressource au centre de l’histoire, convoitée dans toute la galaxie car permettant le voyage interstellaire. Il est à peine caché que cet empire qui dirige la galaxie et ces dictateurs qui se succèdent pour exploiter l’épice et la vendre est un parallèle direct avec l’impérialisme américain et son appétit vorace pour les matières premières tel que le pétrole, au détriment de la paix locale et des habitants des pays possédant la ressource.

Enfin, je terminerai sur la structure du film: pourtant marketté sous le simple nom de « Dune », la séquence d’introduction affiche « Dune: Partie 1 », et on comprend alors aussitôt que tout ne tiendra pas en un seul long-métrage. Cela donne donc, une fois que le générique de fin commence, la sensation d’avoir vu un premier acte excellent, qui a parfaitement présenté ses univers et ses enjeux, mais maintenant, il faut la suite, car si elle venait à ne jamais voir le jour, alors il y aurait un gros sentiment d’inachevé.

Mais même en tant que film pris individuellement, Dune reste excellent, et sort du moule des blockbusters calibrés que l’on a été habitués à voir ces 10 dernières années. C’est d’ailleurs un film très avare en action, mais on sent qu’elle n’était pas nécessaire: l’ensemble reste grandiose et n’a pas besoin de baston h-24 ou d’explosions à répétition pour garder notre attention. Mais j’en conviens que Dune n’est pas pour tout le monde: ce n’est pas un film à aller voir entre potes quand on cherche juste un divertissement pour rigoler et mettre le cerveau en pose (il n’y a d’ailleurs quasiment aucun humour tout du long). Il faut avoir le courage d’y rentrer, s’accrocher au début quand on ne connaît rien à l’univers, mais après cela, ce n’est que du bonheur. Je souhaite un gros succès à ce film et à Denis Villeneuve, car ça serait mérité.