La voix est en toi

Une fois n'est pas coutume, je suis allé voir ce film au cinoche ; j'ai des tickets qu'on m'avait offert avant le lockdown, le cinéma a prolongé leur date de péremption, l'échéance arrive à sa fin, il me faut donc trouver des films à voir et je me suis dit que même si je ne suis pas fan de Villeneuve, ce film mériterait probablement d'être vu au cinéma. Mais dans la voiture j'avoue que j'ai flippé, je craignais vraiment de voir un Blade Runner 2049 2, avec une intrigue insignifiante et une mise en scène contemplative des plus ennuyante.

Heureusement, le récit est riche. Même si l'auteur a préférer opter pour une approche distanciée et froide (ce qui sied aux personnages on va dire), il se passe des choses, on découvre un univers, des personnages, des enjeux. L'on constatera que les conflits sont secondaires durant les trois quarts du récits ; même quand les personnages sont coincés dans leur petit appareil volant au milieu d'une tempête de sable, c'est le drame psychologique et les échanges philosophiques qui priment. Ce qui donne une certaine ambiance au film et qui le rend intriguant et plaisant. Notons également un déroulement assez simple, presque linéaire et non pas embrouillé comme les Star Wars par exemple où en 5 minutes on peut avoir droit à trois scènes sur trois planètes différentes.

Dès lors, comment ne pas s'insurger face à cette fin qui trahit tout ce qui a été mis en place : jusque là les combats étaient au second plan, de manière justifiée et avec cohérence, et là d'un coup, on se retrouve à assister à un combat jusqu'à la mort, amené de façon très stupide, voire forcée, au dénouement trop facile et même incohérent (car comment interpréter les visions si elles se révèlent aussi fausses? faut-il prendre ça comme un pouvoir à la Next où le héros aurait analysé tous les mouvements possibles pour arriver à la victoire?) ; j'imagine qu'il semblait nécessaire à l'auteur, le réalisateur, la prod, de finir sur une note plus externe en terme de conflit, pour créer un climax plus viscéral, mais ça ne colle tellement pas avec le reste, et ce climax est tellement ridicule au final, comparé à ce qu'il a pu se passer auparavant ; c'est pas comme si le combattant savait que le héros était un ami de celui qu'il a aidé, ça aurait déjà pimenté naturellement les enjeux. Soit.

Niveau mise en scène, c'est bien foutu, avec des effets spéciaux assez réussis, même en terme de CGI. Le réalisateur exploite assez bien le sable visuellement, on en attendait un peu plus quand même. Le design des machines est plaisant, rappelle un peu les premiers star wars pour l'intérieur et certaines coques extérieures. D'autres rappellent plutôt son "Arrival" avec des formes improbables de vaisseau mais qui restent photogéniques. Le casting est impeccable, l'on regrettera simplement que tous ces talents soient sous-exploités. Les costumes et maquillages fonctionnent assez bien. Le découpage est globalement réussis, sauf lors des scènes d'action ; forcément, ça ne gêne pas pendant la majeure partie du film puisque les combats sont au second plan, mais à la fin, par contre, ça pique aux yeux. Le montage est cohérent, les 2h30 sont certes un peu longues, mais pas au point de s'ennuyer. Quant à la BO, on regrettera un manque d'inspiration ; qu'il y ait des effets de trombe, des bruits bizarres pour alimenter la bande son, je suis preneur, mais que la musique se limite à cela, on finit par s'en lasser assez vite.

Bref, "Dune" est une belle surprise, j'en suis très surpris, peut-être mon Villeneuve préféré ? Dans une récente interview, Villeneuve a dit que "Blade Runner 2049" lui a beaucoup appris et c'est ce qui lui a permis de faire ce "Dune " comme il est aujourd'hui ; il a aussi dit que s'il devait refaire "Blade Runner 2049" aujourd'hui ou bien revenir dans cet univers, il ferait donc les choses autrement et son film serait moins mauvais. Je veux bien le croire, s'il avait fait BR comme il a fait D, je pense que j'aurais passé un meilleur moment.