J'avoue qu'en attendant l'ouverture de la salle pour ma séance, je m'attendais à passer un grand moment, et je n'avais quasiment pas de doute là-dessus vus tous les éléments favorables réunis : la seconde guerre mondiale, qui est une période historique que j'apprécie particulièrement voir traitée au cinéma. Les teasers que j'avais vus, dès le premier en Janvier et qui durait seulement quelques secondes (Tom Hardy dans son avion sur fond de de bruit de moteur et du fameux chronomètre) m'avaient captivés. Nolan, dont je ne suis pas forcément toujours fan du travail mais auquel je reconnais un talent certain. Bref, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? On va voir.
Pour commencer, c'est très beau (notamment les plans de combat d'avions). On en prend plein les yeux, mais aussi plein les oreilles. Si votre cinéma est bien équipé niveau son et a tendance a pousser trop le volume, vous allez en ressortir les oreilles bouchées. Le parti pris est un peu de filmer à la manière d'un documentaire très réaliste, presque caméra à l'épaule pour plonger le spectateur au cœur de l'action. Alors oui, c'est très beau. Mais le revers de la médaille, c'est que c'est aussi très froid. La faute à ce parti pris de réalisme, à un scénario relativement succinct et à un développement de personnages absent. Mon gros regret, c'est qu'à strictement aucun moment, je n'ai ressenti de l'empathie vis à vis d'aucun des soldats. Ni des aviateurs. Ni de l'équipage qui va secourir les soldats avec son bateau de plaisance.
Ni même de ce pauvre garçon qui meurt en partant naïvement donner sa vie suite à un coup porté par un soldat désorienté.
Soyons clairs, ce sont des actes héroïques que l'on nous présente ici. Mais malgré ça, je n'ai absolument rien ressenti, et dans un film dont un des buts est aussi de rendre un hommage, ça fait tâche. Nolan refuse aussi catégoriquement de montrer et de personnifier l'ennemi. Peut-être celà ajoute t'il aussi au coté froid et impersonnel du film.
Ensuite, la narration ne m'a pas plu. C'est un procédé assez particulier qui a été choisi, en présentant simultanément trois groupes de protagonistes pour lesquels l'action se déroule sur un laps de temps différent mais qui finissent par se rejoindre. C'est un peu confus. Je ne suis pas sûr de la valeur ajoutée de cette méthode. Il est certain que sans celle-ci, on aurait pas pu nous montrer 30 minutes de Tom Hardy dans son avion et les belles images qui vont avec, mais le jeu en valait-il la chandelle ? Je n'en suis pas persuadé. A titre personnel, j'aurais préféré une narration plus conventionnelle. Mais je pense que lorsqu'on s’appelle Nolan, on doit se sentir un peu sous pression et se croire obligé de proposer à chaque fois quelque chose qui sort des sentiers battus.
Et enfin, l'élément qui revient souvent dans les critiques positives : la tension constante, qui ne laisse pas le spectateur respirer, etc. Pas ressentie non plus. Ou plutôt si, mais à de très rares occasions : la scène d'ouverture et l'accès à la jetée. Et la fusillade à l'aveugle sur les soldats réfugiés dans le bateau. Ce sont d'excellentes scènes. Mais c'est trop peu. Le procédé du chronomètre pour rappeler la notion de temps qui s'écoule et qui est la denrée la plus précieuse m'a paru facile et un peu éculé pour être honnête.
Je n'en suis pas ressorti convaincu donc, car les éléments-clés pour qu'un film sur ce thème me touchent, je ne les ais pas retrouvés ici. J'avoue avoir été un peu perturbé par la narration et donc ça m'a possiblement phagocyté un peu le reste du film. Je le reverrais à sa sortie vidéo, et je réetudierais ma note à la hausse éventuellement, si je le trouve plus convaincant au second visionnage.