J'ai eu la chance immense de voir le film en IMAX au Pathé Carré de Soie près de Lyon et grand bien m'a pris de faire le déplacement. Dunkerque intègre sans peine ma short list de films que je refuse de revoir ailleurs qu'au cinéma, et j'oserai même dire que je refuse de le revoir en autre chose qu'en IMAX. L'immensité de l'écran, l'usage du 70mm, la qualité sonore des installations, tout était au diapason pour magnifier l'expérience. Et le film n'étant pas très bavard, on peut largement survivre à la VF.
Néanmoins, au delà de la claque technique, l'introduction m'a paru très poussive, il m'a fallu au moins 20 minutes pour rentrer dans le film. Je ne saurais parfaitement expliquer pourquoi mais je pense que c'est dû à la distance prise avec les personnages. Ces premières minutes adopteraient presque un style documentaire au premier abord. Mais ça, c'est avant que les récits ne commencent à se superposer.
A l'instar de son Memento, Nolan innove narrativement en alliant trois récits différents, le premier s'étalant sur 1 semaine, le second sur 1 jour et le dernier sur 1 heure. Là où j'étais réservé dans un premier temps, il s'avère que ça fonctionne très bien. On n'est globalement jamais perdus dans les enchainements et surtout je trouve que ça apporte de très belles situations d'ironie dramatique qui vont amplifier le climat plein de désespoir du récit, dans la mesure où l'on peut voir la conclusion d'un plan des personnages dans une timeline tandis qu'on en est encore au début dans une autre.Et inversement, certaines séquences trouveront leur conclusion plus loin dans le film du point de vue d'un autre personnage. L'ambiance est tendue du début à la fin grâce en partie à la BO d'Hans Zimmer. J'insiste encore mais le matériel sonore d'une salle IMAX fait la différence et décuple l'efficacité de cette BO. Enfin, la réalisation contribue à créer une expérience mémorable. Le choix de toujours suggérer les allemands hors-champ (d'ailleurs nommés "l'ennemi" dans l'intro, ça renforce l'idée abstraite que l'on se fait d'eux) est un parti pris payant. Le fait que le film soit quasiment dénué d'effets spéciaux joue encore en sa faveur et les angles choisis par Nolan laissent parfois bouche bée, notamment lors des séquences de chasses aériennes et de naufrages.
Le film va diviser, clairement, mais il est tellement unique, tellement personnel d'une certaine manière (il n'y a que Nolan pour pondre une œuvre pareille) et surtout tellement bluffant qu'il est à recommander, Et s'il vous plait, allez le voir en IMAX si c'est possible.