Ce n’est pas un film que j’attendais malgré la Nolan quality qu’on pouvait espérer car je n’aime pas les films de guerre. Certes. Mais je ne pouvais en aucun cas y échapper alors autant faire les choses bien, autant faire les choses en IMAX.
La première image est déjà grandiose, c’est bien la première fois que je trouve que l’IMAX sert à quelque chose. La première image est belle, oui, mais c’est surtout qu’elle débute la première séquence du film qui elle-même annonce la suite. Dans cette introduction Nolan revient aux basiques du cinéma : une image épurée, pas de dialogue mais une bande son riche, une mise en scène qui parle pour ses personnages et surtout un jeu et une malléabilité du temps, du suspense qui annonce la couleur : le film est réellement de l’art cinématographique (pas une documentation intéressante de la Seconde Guerre Mondiale, ni une distraction de dimanche soir).
C’est pourquoi, quand vient ensuite les 3 annonces temporelles “une semaine”, “un jour” et “une heure”, spécifique chacune à un groupe de personnages, alors cela paraît logique, c’est un film sur le temps que je suis venue voir.
Un temps qui a pu paraître long à certain, un temps court par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir chez Nolan mais surtout un temps qui lui appartient et qui appartient à ses intentions.
C’est même 3 lignes de temps qui se rencontrent à des moments précis, qui sont soit dilatés soit contractés.Le temps est subjectif et en période de guerre il est d’autant plus.
Le temps ce n’est pas des minutes et des heures qui tournent indéfiniment, le temps c’est de l’ennui (sur une plage abandonnée), le temps c’est du gazole qui peut venir à manquer (dans un avion), le temps c’est une linéarité qui fait progresser sans cesse vers une ligne d’arrivée (en bateau), c’est tout ça et c’est une pression, un stress, un suspense, c’est le tic tac envahissant (d’une montre) qui te rappelle les dangers de l’existence et qui finalement s’arrête et soulage l’âme (dans un train).
Si ce film est au final très découpé, l’impression que j’ai eu en sortant de la salle, c’est d’avoir vu un plan séquence dont je ne pouvais détourner les yeux, un plan séquence magistral qui se sert d’un lieu, d’une réalité historique pour nous faire ressentir la peur d’une époque, d’un temps.
La peur et l’oppression qu’on peut ressentir sont, pour moi, aussi dues à l’absence d’images frontales de l’ennemi, il est là, il bombarde mais il n’a pas de visage, il pourrait être un grand blond nazi qui vient d’Allemagne comme le gars qui t’a aidé depuis le début mais qui ne dit pas un mot. Et ça c’est terrifiant mais c’est surtout cinématographique. Nolan nous réinjecte toute la magie du hors-champ dans son film et j’apprécie.
Enfin, troisième élément marquant pour moi dans ce film c’est la façon dont a Nolan de filmer ses personnages. Ok, le personnage principal est brun et il a une dent plus grande que l’autre mais à part ça, je ne me souviens d’aucun élément sur sa vie, sur sa personnalité et pourtant je n’ai pas voulu qu’il se fasse tirer dessus dans la ville, j’ai voulu qu’il arrive à temps en courant avec son brancard, j’ai voulu qu’il sorte du bateau assiégé par l’eau, j’ai voulu le reconnaître se faisant tirer le bras sur le bateau du marin anglais et j’ai peut être même voulu finir sur son visage. Bref, Nolan arrive à nous faire nous accrocher à un personnage principal dont on ne sait rien, qui parle très peu, si ce n’est pas cinématographique ça.
Le film est épuré, beau, réaliste (parfois) et intriguant.
La bande sonore est exceptionnelle, les costumes sont réussis, les acteurs sont très bons.
Il fallait quand même que je dise ça.
Alors évidemment qu’il y a du mauvais, de l’incohérence, parfois même des passages confus, un choix d’acteur “français” parfois incongru mais, j’ai vu en Dunkerque, le La La Land du film de guerre, un film au scénario peut être pas extraordinaire mais dont la mise en scène est une leçon de cinéma.

BigEd
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le 24 juil. 2017

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