Toujours adulé par ses fans autant que par ses producteurs, Christopher Nolan a les coudées franches pour faire ce qu'il veut, absolument ce qu'il veut, même si c'est n'importe quoi. Un Batman grand-guignol, un film-de-rêve à la testostérone, de la SF spectaculaire et stupide... Rien ne l'arrête.
Alors le voilà qui s'attaque à un genre noble qui a fait la gloire de nombreux cinéastes, avec plus ou moins de bonheur : Stanley Kubrick, Samuel Fuller, Steven Spielberg, Michael Bay... le film de guerre ultra-sensoriel.
Dunkirk est un trip expérimental d'une heure quarante où la tension ne faiblit pas, où les évènements se bousculent et s'entrechoquent sans crier gare, et ravira sans faillir les amateurs de films-de-merde sans âme.
Car, putain de sa race, Dunkirk est une grosse merde.
Pour commencer, il faudra expliquer à Nolan qu'un film où la tension est toujours la même est un film sans tension. Une bonne tension se doit de respirer, sinon on finit par accueillir la moindre péripétie avec un haussement d'épaules. Pire encore, dans son cas, je me suis surpris à accepter sans sourciller la mort des jeunes héros. "Meh... Y seront pas dans le 2" me disais-je.
La photo est une des plus grande catastrophes de l'histoire. Pas un raccord lumière, le ciel change sans arrêt les teintes sont totalement aléatoires, virevoltant du gris triste au bleu clinquant en passant par le jaune-pisse... Certains champs-contre-champs forcent le spectateur à cligner constamment des yeux pour survivre.
Mais par dessus tout, je me demande quel diable a possédé Christopher pour qu'il cède les rennes de la narration à Abraham Simpson :
"Les bombes pleuvaient de partout, les gars se protégeaient comme ils pouvaient, mais Churchill avait demandé aux civils d'aider à l'évacuation alors les gars y courraient sur la plage, transportant les blessés vaille que vaille, et est-ce que je vous ai déjà dit que les Spitfires étaient les meilleurs coucous de la RAF ? Toujours est-il que deux jours plutôt ils ont failli se noyer, mais Bane dans son avion il a dégommé les schleus ! Heureusement que cinq heures plus tôt, les gars avaient abandonné leur bateau pour monter à bord d'un vieux rafiot avec un aveugle mort dans la cale, je vous ai dit que les Highlanders avaient tenté de récupérer un bateau ? L'Amiral, il en menait pas large, je peux vous l'dire ! Ouais, et le capitaine du rafiot les a quand même laissé monter... En tout cas les Spitfires nous ont sauvé la vie !"
Rien, absolument rien, ne vient justifier un tel traitement. Autant, The Following et Memento malmenaient l'ordre des évènements pour nous plonger dans la tête des personnages et jouer avec nos attentes, autant là c'est juste confus, répétitif et sans intérêt.
Au moins Pearl Harbor avait le mérite d'être drôle.