Depuis quelques années, Nolan ne fait pas dans la subtilité.


Après la montagne compliquée Inception qui accouche dans son final d'une souris, après le très laid et très démonstratif Interstellar, voilà que le cinéaste tente de faire ressurgir la fibre patriotique anglaise en focalisant son film de guerre sur l'évacuation en catastrophe de Dunkerque, débâcle donc mais qui
démontra à priori l'héroïsme de l'armée britannique.


Exit donc le pendant français de l'opération Dynamo (qui furent pourtant les vrais héros de cet épisode, se sacrifiant aux allemands pour sauver leurs alliés anglais), exit les nombreux étrangers de couleur qui participèrent à l'évacuation (et qui furent dans les derniers à pouvoir monter sur les bateaux, les blancs étant prioritaires).
Place à l'homme blanc anglais, lumineux, sacrifié, christique, celui par qui toute la laideur de la guerre apparaît.


Nolan désosse ses personnages de leur substance, en fait des pions brutalisés et se concentre exclusivement sur la tactique, dans une unité de temps-lieu-action divisée en trois parties distinctes qui se raccorderont laborieusement dans un final guimauve à la limite de l'insupportable.
On comprend sans doute l'idée du cinéaste : faire surgir l'émotion non par le dialogue et l'empathie vers ses personnages mais par le suspense, l'action et le chronométrage déshumanisé de la chair humaine brûlée, noyée, trouée sous la machinerie allemande.


L'intention est louable mais elle est immédiatement désamorcée et détruite par la balourdise de Nolan et son comparse Zimmer à la musique. La moindre scène, le moindre plan se retrouve envahi par une symphonie tonitruante censée nous montrer à quel moment pleurer, rire ou trembler.
On assiste alors à une sorte de bataille navale où l'on se désintéresse très rapidement du sort des protagonistes et où l'on s'ennuie profondément avec pour seul réconfort la présence de quelques images bien léchées : un avion qui brûle dans le clair-obscur d'une plage déserte, un soldat isolé courant sur la plage et se jetant à l'eau pour tenter de rejoindre l'Angleterre à la nage...


C'est malheureusement trop cher payé pour la lourdeur de l'ensemble et les fautes historiques dangereuses (sans doute voulues) qui "blanchissent" l'histoire et évacuent le rôle des immigrés.


Un film et un cinéaste complètement surcotés.

HenriQuatre
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le 4 août 2017

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HenriQuatre

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