Nolan à la plage...

Je préviens de suite, je ne suis pas du tout réceptif à la direction de Nolan, entre ses copier/coller - oups, pardon - ses nombreux "hommages" aux films des années 85/95 et son esthétisme monté en meringue à la crème Zimmer. Question de goût et de ressenti.
Mais je m'étais dit que le souci de réalisme dans sa photographie et (parfois) dans sa réalisation (je n'attendais rien du montage généralement bâclé du "prodige") allait faire de Dunkerque un véritable mémorial à cette opération tragique de la seconde guerre mondiale.
Du coup j'ai besoin de partager un gros coup de gueule suite au visionnage !! Réalisme historique très approximatif, tension et panique quasi inexistante dans les rangs des soldats, découpage entremêlé mélangeant trois axes de l'histoire devenant vraiment ennuyeux à mourir au bout de 3/4h... Point positif dans ce film ? J'aurais pu dire la photographie si les plans avait été plus réalistes, mais hélas...

Dunkerque 26 mai 1940, c'est 240 000 soldats britanniques entassés sur un plage tandis que 140 000 français tiennent des verrous défensifs pour contenir l'avancée allemande forte de 250 000 hommes et de 200 blindés. Imaginez la densité de troupes sur les plages, les dunes et dans la ville avec tous les problèmes logistiques, la pression des combats. Dunkerque, c'est, pour l'armée anglaise, la perte d'une énorme partie de leur matériel lourd : plus de 500 armes lourdes, 30 000 véhicules et un demi million de tonnes de munition et équipement (sans compter le matériel français). Dunkerque se fait bombarder et mitrailler continuellement, quand le temps et la visibilité le permet, par l'artillerie, les bombardiers et les chasseurs allemands (400 bombardiers et 180 chasseurs le 29 mai massacrent les plages, pour ne parler que de cette journée) tandis que la RAF envoie ses Hurricane (et non ses précieux et trop peu nombreux Spitfire au rayon d'action trop court) tenter de limiter les dégâts. Dunkerque, c'est plus de 50 Destroyers anglais faisant les aller-retour et plus de 1 000 embarcations civiles anglaises et françaises (et 9 hollandaises qui ont fait des miracles pour aller dans le sens du film de Nolan) faisant la navette de la plage aux Destroyer et/ou l'Angleterre quand la jetée est fut jugée trop dangereuse au second jour. Dunkerque, c'est un ciel noir des explosions et des navires en flamme. Dunkerque, c'est des hommes paniqués qui tentent de monter dans les navires. Dunkerque c'est 9 jours d'enfer. Dunkerque c'est 210 000 soldats britanniques et 120 000 soldats français évacués !!

Et en guise de mémorial à cette tragédie humaine, Nolan pond un film où on voit 3 ou 4 colonnes d'une centaine de soldats qui attendent sagement sur la plage, aucun bruit de bataille alentour, un beau ciel bleu, 3 spitfire héroïques qui abattent 2 bombardiers isolés et 4 ou 5 Me109 (du mauvais modèle, d'ailleurs, des CGI pour avoir des Me109E et non des HA1112 espagnols auraient peut-être été possible en 2018), une Navy qui aligne 1 destroyer à la fois et une trentaine de "little ships"...

On n'est pas loin du foutage de gueule historique pour faire mousser l'ego d'un soit disant prodige du cinéma... Je n'attends pas d'un film historique qu'il soit aussi précis qu'un documentaire mais au moins qu'il positionne correctement sa petite histoire au milieu de la grande, d'autant qu'ici, la petite histoire en question est inexistante (même en considérant que ce n'est pas le point fort de Nolan).