Dylan Dog c'est le fumetti (BD italienne) de Tiziano Sclavi, assez peu connu mondialement, d'où l'achat probable de ses droits à pas très cher, mais est néanmoins culte en Italie, un peu comme le serait un Blake et Mortimer d'Edgar P. Jacobs. Mine basse, tempérament difficile, légèrement filou, tombeur de ces dames, Dylan a tout du détective privé de la grande époque des films Noirs, avec leur ambiance glauque et leurs plans en contre-jour. Ce furent d'ailleurs les traits de Rupert Everett qui furent utilisés pour créer le personnage, et cela se comprend bien, l'homme ayant ce flegme comme l'on en retrouve que très rarement. Difficile donc de dégoter quelqu'un à la hauteur pour incarner le rôle de Dylan Dog, Hollywood n'ayant pas grand monde dans le style, si ce n'est Brandon Routh, qui reprenait déjà le rôle d'un autre acteur au physique similaire, à savoir Christopher Reeve alias Superman. Un choix relativement logique, seulement Routh, tout juste la trentaine, a bien du mal à retranscrire le personnage, ses traits étant bien trop lisses, et une bonne dizaine d'années supplémentaires et un peu d'alcoolémie auraient grandement aidé à en augmenter la crédibilité. Second choix qui laisse dubitatif, le scénario. Tout ça tourne en rond autour d'une histoire déjà vécue il y a quelques années plus tôt avec Constantine; ça ne serait pas trop grave si les dialogues et l'action étaient au top, mais hélas nous sommes loin d'atteindre le niveau du film avec Keanu Reeves. Certes le budget de Constantine était cinq fois supérieur, mais 20 millions de dollars c'est bien assez suffisant pour casser du vampire et du zombie avec rythme, sans compter que les loups-garous sont presque totalement laissés de côté, l'unique apparition étant du niveau de celle d'une série télévisée milieu de gamme. Dommage, car au point de vue technique pure, dont image, éclairage ou couleurs, tout est propre et professionnel, et il semble d'ailleurs que le budget soit presque entièrement passé là dedans, ne laissant que de maigres sous pour les effets-spéciaux, ceux-ci se limitant d'ailleurs à des effets old-school avec des costumes en latex pas toujours réussis, pourtant contrebalancés par une honnête scène de transformation de l'ultime créature, toute en CGI (la transformation, la créature est aussi en latex), mais arrivant beaucoup trop tard, surtout que la fameuse bestiole dont on craint l'apparition pendant toute la bobine n'a finalement pas grand chose dans le slip et finit très vite ad patres.

Beaucoup de défauts pour Dylan Dog donc, qui aurait pu être bien meilleur s'il s'était vu écourté, car cela aurait permis une meilleure utilisation du budget qui lui était alloué, de même que la suppression de passages franchement ridicules (loup-garou, super-zombie), et à l'inverse l'extension d'instants trop courts (l'assaut sur les vampires a à peine le temps d'être bandant, alors qu'il démarrait plutôt bien).
Le seul vrai point fort de la bobine est finalement son humour, qui parodie plutôt bien les films du genre, notamment grâce à l'acolyte zombifié qui n'accepte pas sa condition, et donne lieu à tout un tas de situations amusantes, relançant l'intérêt global. Un comble que ça soit un personnage secondaire qui vole la star à Dylan Dog (surtout que, manque d'inspiration oblige, il est affublé d'un béret ridicule comme Shia LaBeouf dans Constantine), mais il faut dire que le manque de grandes lignes de même que le charisme peu prononcé de Routh ne l'aident pas vraiment. Pourquoi ne pas avoir tout simplement embauché Rupert Everett ? Ça c'est le mystère, mais il ne faut néanmoins pas oublier qu'il est déjà passé par là, ayant interprété un personnage similaire dans le Dellamorte Dellamore qu'avait écrit Tiziano Sclavi.
On appréciera cependant la présence de Peter Stormare, toujours splendide et hilarant (curieux hasard, il jouait également dans Constantine, mais dans la peau de Lucifer, pas celle de Gabriel).
Au final ce Dylan Dog n'inspire pas non plus un total dégout, se laissant gentiment regarder, mais le fiasco commercial lors de son exploitation en salles est aisément compréhensible, le spectateur ayant davantage l'impression d'assister à un téléfilm friqué qu'à un grand film mémorable. On gardera à l'esprit la mise en application inédite du terme Hot Dog, quant au reste il sera vite oublié, et si quelque chose d'autre subsiste ça sera bien plus ses ratés visuels.
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le 14 juil. 2012

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