Dylan Dog et moi, sans avoir lu tellement de numéros de cette BD italienne, ça remonte à loin.
J'avais croisé ce nom il y a de cela peut-être 6 ans, au moins, sur le site Devildead, en lisant leur chronique concernant le film Dellamorte dellamore. J'avais consulté cette page à l'époque, quand j'étais en manque de bons films de zombies, post-visionnage de Shaun of the dead.
Je ne sais pas quelles sont leurs sources, mais selon le site Devildead, le même roman de Tiziano Sclavi, qui n'a pas pu être publié d'abord, a donné le fumetti (en France on a la BD, aux USA c'est le comic, en Italie le fumetti) Dylan Dog en 1986, et le film Dellamorte dellamore en 1994.
Ce n'est qu'après le succès de la BD, qui continue d'être publiée encore aujourd'hui, que le livre a été publié, et qu'ensuite Michele Soavi en a tiré un film.
Infos supplémentaire pour les fans de Dellamorte dellamore : Le personnage de Dylan serait basé sur celui de Francesco Dellamorte, que Sclavi a repris de son roman. Néanmoins, Francesco serait apparu dans la BD Dylan Dog à partir du 3ème numéro spécial, "Orrore nero", publié en juillet 89.
Je vous invite à lire la chronique de Devildead, et à voir le documentaire "Death is beautiful" disponible sur le DVD américain de Dellamorte dellamore.

Etant donné que je vénère carrément le film de Soavi, ce lien entre lui et le fumetti Dylan Dog me suffisait pour que j'aie envie de le lire, ainsi ai-je sauté l'occasion quand j'ai trouvé quelques albums en français.
Le film Dylan Dog, je l'attendais, mais avec appréhension, me disant avec les quelques infos récoltées sur le net et les premiers trailers que ça ne présageait rien de bon.
Lorsque j'ai lu la BD, une des choses qui m'a frappé, c'est la similitude entre Dylan Dog et Hellblazer, le comic avec John Constantine. J'ai cru que le premier avait copié sur le second, mais en réalité à l'époque de Dylan Dog, Constantine n'était apparu que dans quelques pages de Swamp thing, et n'a eu droit à sa propre série qu'en 1988.
Tout ça, je ne l'ai appris qu'aujourd'hui, me renseignant avant de voir le film Dylan Dog. Je n'ai pas trouvé grand-chose sur le net concernant le lien et l'influence de l'un sur l'autre, si ce n'est ce site qui clame que Dylan Dog est une grand inspiration d'Hellblazer et Hellboy :
http://www.dvdactive.com/reviews/dvd/dylan-dog.html
Mais peut-on s'y fier ? Je ne sais pas si Dylan Dog avait eu de l'impact sur les USA dès les premières années de sa publication.
Ce qui est amusant, c'est qu'au vu des trailers, le film Dylan Dog avait l'air d'avoir subi le même traitement qu'Hellblazer avec son adaptation cinématographique, Constantine : ça devenait un film d'action principalement, et les personnages voyaient leurs noms repris mais en délaissant une bonne partie de leurs caractéristiques d'origine.

Le personnage de Dylan se retrouve à la Nouvelle Orléans (tout comme Constantine passait de l'Angleterre à Los Angeles).
Pour des raisons de droits, et ça les fans s'en plaignaient dès la préproduction de Dylan Dog, un personnage du fumetti nommé Groucho et ressemblant étrangement à l'un des Mars brothers (je vous laisse deviner lequel) était remplacé par un dénommé "Marcus". Cet assistant de Dylan, bizarrement, se retrouve avec un chapeau semblable à celui de Chaz, l'assistant de John, dans Constantine.
Les similitudes sont si nombreuses qu'elles en deviennent troublantes. La première apparition de Vargas dans son club de nuit évoque Papa Midnite. Peter Stormare, qui jouait Lucifer face à Keanu Reeves, a un rôle ici aussi, et en plus il se nomme Gabriel, comme l'archange au cœur de l'intrigue de Constantine. L'élément de trop, c'est le poing américain avec des symboles sur chaque phalange, et si l'idée visuelle des marques laissées sur le visage n'a pas pu être utilisée dans Constantine, tel que c'est évoqué dans un des bonus du DVD, elle est utilisée dans Dylan Dog !

Heureusement on a quand même quelques preuves que les scénaristes et le réalisateur ont au moins feuilleté le matériel original, et ils ont tout de même conscience des problèmes qui vont avec cette adaptation. Pour contenter les fans, il y a cette charmante attention qu'est la référence à Groucho, sur une photo. Dommage que le clin d'œil revienne trop souvent dans le film...
C'est plutôt amusant aussi, l'allusion aux origines italiennes de Dylan...
On retrouve un peu aussi l'esprit référentiel du fumetti, mais en moins marqué (et heureusement, car dans ce que j'ai lu, c'était limite lourd) : on a une "rue Craven", un vampire nommé Sclavi, ... ça reste facile, mais ça fait sourire.
Il y a de grosses modifications concernant le personnage principal, mais ce n'est pas pour me déplaire.
Le héros est en crise, par rapport au fumetti où il a une situation stable, où il est un "enquêteur en cauchemar" dont on suit simplement les affaires au fil des numéros. Pour un film, c'est plus intéressant dramaturgiquement de montrer une évolution autre que celle qui correspond au passage d'un client à un autre.
Je comparerais cette modification dans la transposition sur grand écran à celle que l'on a pu voir dans le premier film sur La famille Addams, où l'équilibre familial se trouvait rompu dès le début du film, et où les Addams étaient à la recherche de Fétide, qui avait pourtant toujours été là dans la série.
Dans le film Dylan Dog, le héros a préféré délaissé le paranormal pour des enquêtes plus "normales". La cause de ce changement dans sa vie reste trop classique cependant : c'est encore une histoire d'amour perdu... en plus, tout en voulant créer un mystère autour de cela, les nombreuses allusions se font un peu trop lourdes et simplistes : "someone close to me is dead... again". Au bout de cinq allusions comme ça, je crois que tout le monde a compris.
Evidemment, au cours du film, Dylan se retrouvera à retourner à ses vieilles habitudes. Là, j'aime bien l'utilisation nouvelle d'un élément provenant du fumetti : ce n'est que lorsque Dylan redevient le détective qu'il était qu'il se met à porter les mêmes vêtements que son alter-ego de papier.
Le détective se retrouve aussi avec une origine nouvelle, il est un humain qui aurait été choisi à la fois par les vampires et les loup-garous pour agir comme un arbitre dans leurs conflits.
Je trouve que plus qu'une modification, c'est un apport intéressant au personnage.
Il n'est plus juste ce type qui tire sur les undead. Du moins, la version cinéma n'abat que ceux qui sont mauvais. Le film présente les chasseurs de monstre comme les méchants, dans une société où les créatures sont intégrées au milieu des humains, et ne cherchant qu'à vivre un peu comme les autres.

L'univers inventé spécialement pour le film se révèle très imaginatif, drôle et intéressant. On peut ainsi découvrir une drogue pour vampires, des employés de morgue zombies, un supermarché pour les non-morts, ... On pense à la façon dont vivent ces créatures que sont les vampires, connues depuis des siècles via la fiction, mais néanmoins présentées sous un nouveau jour ici rien que par cette idée du cercueil aménagé comme une chambre d'ado. Rien que ça, penser au fonctionnel, ça aide à replacer la part d'humanité en ces "monstres".
Et le film a beau être désigné comme étant "cheap" un peu partout, il y a néanmoins les moyens qu'il faut mis en place pour rendre cet univers crédible.
Les décisions des scénaristes pour remodeler certains mythes sont quand même étranges, et manquent de logique : pourquoi un zombie aurait à choisir entre manger des vers ou de la chair humaine, afin de ne pas pourrir ? Ne va-t-il pas pourrir quoi qu'il arrive ? Et les vers ne vont-ils pas le manger, lui, et non l'inverse ?
Et les ghoules dans ce film sont redéfinis comme des humains addicts au sang de vampire...
Bon après dans l'écriture il y a des problèmes de lourdeur : le loup-garou qui s'appelle "Wolfgang", et qui surnomme Dylan "little pig"...
J'ai eu très peur au début du film, quand une des premières répliques de Dylan est "I used to protect monsters you thought were only in the movies. Why ? Because they are real". Euh ?
Heureusement on n'a rien d'aussi con et mal écrit par la suite, il y a même des répliques cools, drôles et bien senties.
En dépit de cette présentation maladroite du personnage, il est vite fait établi comme un badass. Il est certes d'un sang-froid caricatural, mais il est fun, se moque des clichés du cinéma, et dans la première scène transforme un homme qui le menace en un client.
Mais après ça, on n'a plus vraiment d'attachement pour le personnage. Il n'a pas vraiment sa personnalité propre, il ressemble trop à toute une flopée de personnages de films d'actions, et fait partie de ceux qui peuvent se prendre un coup de poing d'un démon en pleine face, faire un vol plané, s'écraser par terre violemment, ou encore passer à travers chaque étage d'un échafaudage, mais encore se relever. On n'a aucune tension du coup, et en plus le découpage des scènes d'action fait qu'on ne comprend pas grand-chose, on voit juste des plans changer rapidement, avec des personnages qui s'agitent.
C'est exactement l'inverse de ce que j'ai pu voir hier dans Jurassic park, film qui m'a surpris par sa capacité à instiller du stress chez le spectateur, et ça fait partie des problèmes des films modernes que j'évoquais dans ma critique.

Il y a quand même quelques idées sympas de mise en scène (Dylan qui fait usage de son ombre lors d'une scène de menace...).
Le héros apporte à la narration des commentaires en voix-off sur l'avancement de son enquête, qui m'ont fait penser à une influence du film noir. Mais même avec cette voix qui aide à faire les transitions, il y a un moment qui passe super mal : celui où Dylan, après un combat de même pas une minute, frappe un loup-garou avec de l'argent, et le monstre n'est même pas mis en échec que c'est fini, on passe à la scène suivante.
A part ça, dans la mise en scène :
Les éclairages sont irréalistes et weirds, virant au vert ou au bleu fluo, mais j'ai trouvé ça sympa.
Et c'est quoi ce choix de BO ? Au générique de fin on a cette chanson, "So hard" de The panderers, qui me fait me demander si je viens bien de voir Dylan Dog ou un teen-movie pour filles.

Je m'attendais à pire. Il y a de bons trucs dans ce Dylan Dog, qui viennent de la liberté qu'ont pris les scénaristes pour créer ce qu'ils voulaient, laissant libre cours à leurs idées sans chercher à trop se rattacher au matériel original. Mais ça reste un divertissement bancal et insuffisant. Je me rends compte que ça va pas bien quand les scènes d'action me laissent désintéressé.
Fry3000
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le 16 juil. 2012

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Wykydtron IV

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