Que voilà une jolie surprise sortie de nulle part ! Enfin, pas tout à fait de nulle part, puisqu'aux manettes de Tabun Fire (aka Dynamite Warrior aka Le Guerrier de Feu) figurent des noms connus qui ont amené les films de muay thaï sur le devant de la scène dans les années 2000 et ainsi contribué à la réémergence du cinéma thaïlandais à l'échelle mondiale. A la production, on retrouve donc Prachya Pinkaew, réalisateur d'Ong Bak, tandis que les chorégraphies sont assurées par le spécialiste du genre, Panna Rittikrai, qui a depuis passé l'arme à gauche.


Si les premières minutes du film ont tendance à effrayer, c'est qu'il faut un peu de temps pour s'imprégner du ton très particulier instillé par le réalisateur Chalerm Wongpim. Car sous ses airs de série B classique et bébête, Tabun Fire dévoile petit à petit une âme, un enthousiasme et un savoir-faire qui font aisément oublier les largesses d'écriture et les effets numériques plutôt cheap.


Le spectacle frénétique, grandiloquent et surtout totalement décomplexé qui se déroule sous nos yeux trouve ses marques à la croisée du côté du western spaghetti, des films Shaw Brothers et du nanar éhonté. L'esthétique léchée, qui privilégie la lisibilité et les plans iconiques pour mettre en valeur une splendide photographie, aide grandement à magnifier cet écrin dans lequel se meuvent pêle-mêle un héros mystérieux au passé tragique, un grand méchant prince à la fois pathétique et hilarant, une brute épaisse qui à force de bouffer tout ce qui bouge a sans doute déjà englouti ses propres neurones, ou encore une énigmatique jeune femme dont les ragnagnas pourraient changer la face du monde...


C'est dire si l'on nage dans un joyeux bordel qui, mis entre de mauvaises mains, aurait pu accoucher d'un gloubi-boulga indigeste. Il n'en est évidemment rien puisque Tabun Fire nous happe à son rythme dans une débauche d'affrontements câblés orchestrés à la quasi-perfection, nous attendrit devant une romance un poil cucul mais pas trop, et se permet même quelques instants d'une folle beauté (le flashback de Siang). Wongpim atteint le juste équilibre entre le sérieux requis pour nous faire adhérer à la quête du héros et le second degré assumé, indispensable pour nous faire avaler les idées les plus perchées de ce scénario pour le moins rocambolesque.


On ne réfléchit donc pas trop face aux évidentes énormités du film, et même la BO bien trop zélée et pompeuse ne parvient pas à gâcher ce qui s'apparente à un plaisir coupable, un vrai, comme on aimerait en voir plus souvent.

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le 30 avr. 2017

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