30 après, et la magie opère toujours
30 après, ce film sonne aussi juste qu'aux premiers jours de son exploitation. Visuellement féerique, il cache mal ses drames internes et va plus loin que son cousin Rencontres du 3e type avec lequel il partage la plupart des thématiques : même famille décomposée (un traumatisme d'enfance pour Spielberg), mêmes questionnements sur le pouvoir de l'Etat et la peur de l'Etranger, mais cette fois les enfants sont définitivement au centre du récit (au point d'éclipser les personnages adultes qui n'ont pas de nom pour la plupart). La caméra virtuose de Spielberg utilise l'espace à merveille et joue constamment avec la lumière, et sa direction d'acteurs fonctionne à la perfection avec les jeunes acteurs (Henry Thomas et surtout la petite Drew Barrymore sont exceptionnels). Une poésie parcourue de fulgurances horrifiques et de moments d'humour bon enfant, qui sait se montrer respectueuse du cinéma des aînés (les extraits de John Ford sont aussi là pour en témoigner) et touche au lyrique grâce à la partition de Williams, encore une fois somptueuse. De l'émotion brute parfaitement distillée. Un régal. Un chef-d'oeuvre.