Après avoir réalisé "1941" et "Raiders Of The Lost Ark", Steven Spielberg décide de revenir à la science-fiction avec "E.T. The Extra-Terrestrial", sorti en 1982, avec Henry Thomas, Dee Wallace, Robert MacNaughton, Drew Barrymore et Peter Coyote. Véritable succès, le film est resté en tête du box-office mondial pendant 11 ans, de 1982 à 1993, avant d'être détrôné par un autre chef-d’œuvre de Spielberg, "Jurassic Park". Il a aussi permis au réalisateur de créer sa société de production nommé Amblin Entertainment, dont le logo est le vélo d’Elliott avec E.T sur fond de pleine lune.


Un appareil extra-terrestre atterrit en pleine nuit dans les environs de Los Angeles. Ses occupants, botanistes, envoyés sur Terre en mission d'exploration, recueillent quelques plantes. L'un d'eux s'éloigne du groupe et explore la forêt avant de s'arrêter, fasciné par les lumières de la ville au loin. C'est sa première découverte de la civilisation humaine. Mais un groupe d'hommes en voitures débarque et traque la créature qui tente alors de rejoindre ses semblables. Ces derniers, voulant éviter le contact avec les êtres humains, font décoller le vaisseau et quittent la Terre en toute hâte. L'extra-terrestre désormais seul et apeuré arrive à se frayer un chemin vers un quartier résidentiel où vit une famille en crise : Mary, mère divorcée et ses trois enfants Elliott, Michael et Gertie.


Avec "E.T. The Extra-Terrestrial", Spielberg nous livre son film le plus intime et le plus personnel. Ce film occupe une place importante dans mon cœur de spectateur. Il fait partie intégrante de mon enfance et c'est certainement un des films que j'ai dû voir le plus de fois dans ma vie.


Spielberg nous expose sa thématique favorite, celle qui est la plus présente dans ses films, à savoir la famille dysfonctionnelle, ici composée d'une mère récemment divorcée et des ses trois enfants. Le nom de famille n'est jamais mentionné, renforçant l'universalité de la situation présentée. Les enfants jouent merveilleusement bien et sont très spontanés, à l'image d'un Henry Thomas excellent et très touchant, ou encore d'une Drew Barrymore attachante et croquante à souhait.


La mise en scène de Spielberg est somptueuse et maitrisée d'une main de maître. Le réalisateur arrive à nous faire peur, rire et pleurer. Visuellement très réussi avec un super travail de la lumière où il installe une ambiance claire-obscure des plus appréciables. On ne voit jamais le visage des adultes (mise à part pour la mère et jusqu'à ce que E.T soit découvert par les agents) où ils sont filmés à contre-jour, de dos ou au niveau des jambes. Spielberg place sa caméra à hauteur d'enfant. Car c'est absolument comme cela qu'il faut voir ce film pour l'apprécier à sa juste valeur, du point de vue d'un enfant. Le film est rempli de plans et de scènes cultes comme le plan d'Elliott et E.T. volant en vélo au devant de la pleine lune, la scène de la poursuite à vélo ou encore la scène finale absolument magistrale et émouvante, pour ne citer qu'eux. Spielberg s'amuse à parsemer quelques références à Star Wars et Peter Pan (présage de "Hook" ?). J'ai aussi un gros coup de cœur pour l'animatronique de E.T. et son concepteur Carlo Rambaldi. L'animatronique est très expressif et mobile. À aucun moment, on a l'impression d'avoir une créature robotisée et on a vraiment l'impression d'avoir un réel extra-terrestre devant la caméra. Juste impressionnant. Et que dire de l'un des points essentiels du film, à savoir la somptueuse musique de John Williams, sublimant la mise en scène de Spielberg, sachant être horrifique, énergique ou émouvante. Mention spéciale au thème "Adventure On Earth" pour la scène finale du film débordant d'émotions et qui nous prend aux tripes. Williams signe une de ses meilleures compositions avec ce film.


Spielberg projette ses traumatismes d'enfance sur le personnage d'Elliott, mais aussi sur E.T., les deux personnages partageant tout le long du film une sorte de lien symbiotique. Cette créature apeurée, en manque de repères sur une planète hostile va petit à petit mourir du fait d'être loin des siens. Avant de mourir , il rompt le lien avec Elliott, lui permettant de guérir. Cependant, E.T. revit et son cœur se rallume à l'approche du vaisseau de son espèce. Spielberg nous montre que l'éloignement de la famille est synonyme de mort. Et on ne peut s'empêcher de voir le symbolisme religieux avec E.T., représenté comme le Christ. Comme lui, il n'est qu'amour et peut réaliser des miracles. Il meurt, ressuscite puis remonte au ciel.


Je ne pense pas être le seul dans ce cas-là, mais qu'est-ce que cet extra-terrestre a pu me faire peur étant enfant, dû notamment à son aspect assez repoussant de prime abord, malgré le fait qu'il possède très certainement les plus beaux yeux bleus de l'histoire du cinéma. Je pense à la scène où Elliott est dans son jardin devant le cabanon et que la créature se rapproche petit à petit de lui, je trouvais cette scène très effrayante. Puis au fil du film, je m'attache à lui et à la fin je pleure de le voir quitter notre planète car je ne pourrais plus le revoir, exactement comme Elliott en fait. Et c'était le cas à chaque visionnage et ce même si je connaissais le film, c'était un éternel recommencent. Et je pense que c'est ce message de tolérance et d'amour que Spielberg voulait nous faire passer. Car oui, au début on a peur car l'inconnu et la différence sont des choses qui font remonter à la surface chez l'être humain des peurs ancestrales. Mais c'est quand on décide ensuite d'aller au-delà de ces peurs que les questions d'apparences n'ont plus d'importance et que l'amour et l'amitié n'ont qu'un seul et même visage. Certains penseront surement qu'un tel point de vue est bien trop mielleux et naïf. Personnellement, je préfère garder cette naïveté d'enfant avec moi car quand je vois et quand je pense à ce film, je ne peux que redevenir un enfant. Et je trouve que Spielberg arrive à nous faire passer ce message avec subtilité.


À éviter la version remastérisée de 2002 avec des scènes inédites inutiles et peu pertinentes, et des effets visuels qui enlèvent beaucoup de charme à l’œuvre. Heureusement, Spielberg avouera que cette version était une erreur, le film étant désormais disponible en vidéo que dans sa version d'origine.


"E.T. The Extra-Terrestrial" est une ode à l'enfance, l'innocence, l'amitié, l'amour, la différence et la tolérance. Steven Spielberg nous offre un film venant droit du cœur, une œuvre culte et magique à dimension universelle. Il fait partie des grands films de mon enfance et est très certainement le film le plus spielbergien du réalisateur.

Paplard
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le 20 janv. 2016

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