Des Terriens pour vous dégoûter des terriens. Traumatique et éclairant mais fortement indigeste.
Parfois, l'antre du 7ème art où vous vous retrouvez sans trop comprendre comment vous indique que quelques grammes d'innocence en vous peuvent bien être échangés contre quelques grammes de conscience.
Earthlings fait sans doute partie de ce cinéma.
Difficile ensuite de ne pas succomber à la tentation de sombrer misanthrope et de tout plaquer pour partir en ermite hirsute au fin fond de la forêt planqué et isolé de ce monde cruel et décidément infernal autant qu'inhumain avec nos amis les bêtes.
Mais si l'on y résiste, il va bien falloir regarder en face sa part de responsabilité en tant qu'élément de cette espèce étrange et prédatrice et vivre en huis clos avec ces prédateurs désormais percés à jour.
Ce doc conté par Joaquin Phoenix ( bon choix ! ) va-t-il vous laisser dans le traumatisme d'une réalité filmée sans ouate et vernis ou au contraire vous faire avancer un tantinet au prix de quelque déchirure et guerre intestine ?
Non, je ne veux plus faire partie de cette espèce ! ( vomi)
Bon, reprenons-nous. SI le film est fortement à déconseiller aux moins de 110 ans, il est à plébisciter pour les amateurs de chocs pour baisser en myopie.
Clairement, ce film est une expérience. Douloureuse. Mais éclairante.
Parce que je ne savais pas que nous étions là, ne m'étais pas rendu compte.
Or peut-être qu'à un moment donné, pour contrer ce mécanisme aliénant et aseptisant que l'on tous un peu en soi afin de ne pas accepter certaines vérités, il faut bien se faire violence en se verrouillant sur son fauteuil et tenant jusqu'au bout devant ce film touristique sur l'humanité.
On ne redemandera peut-être pas mais " Earthlings " valait le détour.
Il peut produire un changement, plus que d'autres docs ou films. Et vous faire perdre un peu de ce surpoids d'innocence qui vous fait encore croire aux contes de fées et contribuer par la complicité passive à la prédation sans scrupule d'une espèce dont nous ne pouvons arborer que les avantages.
" Earthlings ", ce sont les Terriens, tous règnes confondus. Tous unis, connectés, inscrits dans un équilibre fragile où quelque espoir infime demeure encore pour une harmonie de plus en plus utopique.
Alors quoi ?
Rien de bien méchant. Suis juste sorti du film complètement traumatisé, honteux de mon espèce, mais avec quand même l'envie de donner deux fois plus d'amour à mes plantes, mes chats et ... Contre tout espoir, mes congénères.
Alors oui, cela vaut peut-être aussi le détour pour certains autres prédateurs de notre espèce.
Sûr, vous vous n'en ressortirez pas indemne... Zêtes prévenus.
Choquant, troublant, déchirant, mordant, inhumain, révoltant, mais sans l'ombre d'un doute utile, traumatisant et éclairant. Au prix de 3 kilos d'innocence perdus quand même.