OVNI de la sélection des Golden Globes avec la nomination d'Emma Stone, Easy A se présente à première vue comme un teen movie classique à la American Pie, sans beaucoup plus d'ambition. C'est à ce moment-là qu'on fait fausse route, tellement cet Easy A aurait mérité mieux dans une maigre sélection dans laquelle le petit mais plaisant Tout va bien – The Kids are alright a tout raflé.

Easy A est tout d'abord un film intelligent et ne cherche pas à nous montrer des scènes trash ou choc faisant bander les préados n'ayant pas de tarte aux pommes à se mettre sous la main. Emma Stone y est charmante, un croisement entre Daria et une cheerleader, cynique cerveau enfermé dans un corps adulescent qui nous réjouit par la justesse de son jeu dans un rôle pourtant maintes fois caricaturé. Son histoire est celle d'une jeune lycéenne vendant des rumeurs de sexualité (comprendre qu'elle accepte d'affirmer avoir fait ceci ou cela avec untel) contre des bons d'achat afin d'aider des adolescents sans relief à s'inventer une vie sexuelle.

Avec un tel scénario, la réussite de ce teen movie ne tient que sur un maigre fil, la présence en second rôle de l'actrice principale de la série Hellcats ne permettait pas d'espérer de belles choses et pourtant. Emma Stone rayonne dans ce rôle de femme cynique, au-dessus de tous types de rumeurs qui vont pourtant finir par la rattraper. Entre interviews « Harry et Sally » via un vidéo blog et la quasi-absence de scènes de sexe, le film emprunte autant des codes du genre qu'il s'en démarque et porte même une réflexion propre sur la possibilité d'être rongé par une dévotion totale aux autres, et comment le bon samaritain devient la bonne poire. Le plus paradoxal encore sera le rejet complet de ce personnage par un extrémisme religieux puritain, d'un acte de dévotion pur finalement assez en phase avec leurs propres croyances malgré son aspect sexuel.

La force du film réside surtout dans son humour permanent, né des décalages entre adolescents écervelés et jeune femme mature, assez peu concernée par les aspérités de ses jeunes « clients ». Les seconds rôles réussissent à relever les temps morts du scénario (notamment la famille excellente) et ce malgré quelques ratés (Lisa Kudrow dont le rôle se limite à bégayer notamment). Si le film s'essouffle malheureusement dans un final mièvre et prévisible, il a réussi à rehausser un genre en complète perdition talonnant presque du même coup le maître Apatow. Et rien que ça mérite les honneurs (et une date de sortie en France).

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le 7 févr. 2011

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