Piercing Palmaire sans autorisation parentale

Qu'ils font du bien ces polars nerveux à l'ancienne, ou l'efficacité prime sur la parlotte et les effets visuels, ou seule la percussion est recherchée. The outfit n'est peut être pas de la trempe des meilleurs films du genre mais il possède indéniablement les qualités qu'on aime dans ce genre de bobine. Violence sèche, nerveuse, jamais polluée par des discussions qui s'éternisent inutilement et une histoire simple afin d'aller à l'essentiel en moins de 2h de temps. Ainsi ici, pour histoire John Flynn choisit d'adapter une vengeance classique et mathématique d'un criminel à son compte, fraîchement sorti de prison. Quand l'homme se rend compte que le coup qui l'a envoyé en taule lui a aussi coûté son frangin, assassiné par l'organisation à qui appartenait l'argent qu'ils avaient dérobé ensemble, il fait rapidement ses comptes. Il décide d'une somme qu'il considère comme un dédommagement à sa perte. Si l'association qu'il menace ne le paie pas, il se servira lui même dans leurs caisses. C'est à peu près tout. Et si ce pitch peut sembler light sur le papier, il n'en est rien. De cette fine trame narrative, Flynn va développer une belle métaphore sur l'équilibre imprévisible des forces en présence. Deux truands bien rodés finissent par devenir plus dangereux qu'une bande certes organisée, mais inexpérimentée, à l'image de son maître d'orchestre, dont le statut d'homme d'affaire ne permet pas de composer réellement avec la violence du milieu dans lequel il a choisi de faire son oseille. Alors quand il fait la fine bouche devant deux vieux briscards agiles de la gâchette, il signe sa termination, sans même la soupçonner possible.


Cette histoire de grosses personnalités est portée avec fougue et charisme par le superbe duo Duval / Don Baker. Deux tronches, deux acteurs qui proposent chacun sensiblement la même partition, toute en subtilité. L'affaire fonctionne à merveille, de leurs retrouvailles sans étincelles à leur coup final en mode Splinter Cell, on est avec eux. Et si l'on sait pertinemment que les deux hommes sont loin d'être des anges, on les prend en sympathie sans broncher. A ces deux grosses têtes d'affiche viennent s'ajouter des seconds rôles croustillants d'habitués du polar noir, à l'image du grand Robert Ryan qu'on prend grand plaisir à retrouver ici.


The Outfit est à mon sens un très chouette polar. Porté par des acteurs inspirés, si l'on excepte peut être l'atout charme du film qui en fait un peu trop, propulsé par une réalisation aux petits oignons, qui table sur l'efficacité plus que l’esbroufe, il délivre une belle énergie. On pourra cependant lui reprocher l'absence du petit plus qui aurait pu lui donner davantage d'ampleur, et éviter par moment quelques passages où le rythme retombe un peu. Mais ne faisons pas la fine bouche, avec son film John Flynn touche la cible pas loin du centre et nous propose un polar burné qui rassasiera ceux qui, comme moi, sont quelque peu en manque de péloches assumées qui ne cherchent pas à se travestir.

oso
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le 13 févr. 2014

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