Comme un préambule au film, des images des émeutes de 1992 à L.A. suite à l’acquittement des policiers dans l'affaire Rodney King. "Ecrire pour exister" commence là où s'est arrêtée la magistrale saga de Richard Powers, "Le temps où nous chantions".
L.A., toujours : dans le quartier métissé de Long Beach. Un quartier difficile dans lequel sévissent les gangs qui s'affrontent violemment au quotidien. Chaque famille a perdu au moins l'un de ses membres dans cette guerre sans nom. Personne ne peut affirmer sans forfanterie qu'il sera encore en vie le lendemain.
C'est dans ce climat de haine que débarque Erin Gruwell, très jeune enseignante blanche bon chic bon genre, tout sourire et propre sur elle avec son joli tailleur et son collier de perles. Le moins que l'on puisse dire est qu'elle dénote singulièrement dans le paysage. Elle y croit, elle en veut et ne doute pas un seul instant de parvenir à intéresser ses élèves à son cours d'anglais première année : elle est là par choix et non en raison d'un hasard désastreux d'affectation.
Mais sa classe d'irrécupérable est bien plus difficile qu'elle ne l'imagine. Au sein même de cette classe multiethnique, des frontières aussi invisibles qu'infranchissables existent. Les jeunes sont à couteaux tirés, constamment sur le qui-vive et l'incident tant redouté finit par éclater : le lycée est soudain en proie à une émeute. La police intervient, les journalistes couvrent l'événement.
On croit la jeune enseignante au fond du trou et c'est à ce moment qu'elle parvient à initier un dialogue. Sur leur quotidien. Sur leur vie hors de l'établissement, si dramatique que l'école ne pèse plus rien en comparaison. Mais Erin ne baisse pas les bras et leur apprend que leur situation n'est pas sans précédent. Que l'Histoire (avec un H majuscule) est truffée d'exemples ressemblant au leur. Parfois pire encore : et de leur parler de l'Holocauste, nazis, juifs, pogroms et camps de la mort.
Les élèves sont sciés ! La petite blanche qu'ils haïssaient d'instinct n'est donc pas si ignorante que cela de leurs problèmes. Et semble même s'intéresser sincèrement à eux : ils n'en ont pas l'habitude.
Petit à petit, un climat de confiance s'installe. Et suite à l'étude du journal d'Anne Franck, Erin demande à ses élèves d’écrire chaque jour dans un cahier qu'elle leur remet ce qui leur passe par la tête.
Film intéressant, témoignant d'un quotidien difficile dans une Amérique qui reste ségrégationniste. Des acteurs convaincants. Et au moment où je m'étonnais que les loups soient devenus de tels agneaux, la fin m'apprend qu'il s'agit d'une histoire vraie. Quand la réalité dépasse la fiction...
BibliOrnitho
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le 3 juil. 2013

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