La bande-annonce d’Edge of Tomorrow, qui me semblait trop en dévoiler, laissait entrevoir un mélange d’Un jour sans fin et du jeu vidéo Gears of War pour un résultat potentiellement prometteur. Alors, « Qu’en est-il ? » te demandes-tu, toi qui me lis.

Je me suis facilement laissé emporter et parfois surprendre par l’histoire d’Edge of Tomorrow (inutilement accompagné du sous-titre aux relents bondiens « Aujourd’hui à Jamais »), malgré un nombre important d’images dévoilées dans les différents trailers. La promotion a en effet divulgué nombre de money-shoots et de scènes d’actions. Ces dernières sont d’ailleurs bien foutues et dynamiques grâce en bonne partie à l’agressivité des assaillants (leurs tentacules et leur vélocité les rapprochant de l’aspect des sentinelles de Matrix) et à la puissance de feu des soldats. La démonstration la plus probante de ce super équipement se faisant durant une scène où le héros, Bill Cage, se débarrasse d’un Mimic (les envahisseurs) et d’une caravane par la même occasion. On en prend également plein les mirettes durant les (nombreuses) scènes de débarquement qui offrent un joyeux bordel pyrotechnique où ça pète à tout bout de champ avec une 3D souvent bien mise à profit. Un petit bémol toutefois pour l’illisibilité de l’action des 15 dernières minutes qui se déroule dans un Paris nocturne ravagé. Cela dénote avec la clarté des scènes de débarquement.

L’efficacité du montage est également à souligner car il participe à dynamiser le rythme de l’histoire en évitant les redondances des situations. Point de lassitude qui point. La première partie exploite même très bien les ressorts comiques offerts par le concept de reset. Sans pour autant verser dans le même registre burlesque qu’Un jour sans fin, ce qui aurait été maladroit et hors-propos. En tout cas, l’humour du film est un très bon point, d’autant plus que je ne m’y attendais pas.
Après avoir suffisamment explicité la situation à travers différentes scènes, les ellipses se font adroitement et intelligemment de sorte que l’on ne sait pas si la scène est vécue pour la première fois ou non par le héros.
Autre point fort du film qui participe à son rythme soutenu: pas de patriotisme, de romance ou de niaiserie exacerbée. Le film va droit au but, raconte ce qu'il a à raconter et le fait sans fioriture.
Au vu du synopsis, un risque encouru était de voir un invincible Tom(ate) se farcir à lui tout seul l’armée des envahisseurs au fil de ses résurrections. Mais heureusement, les Mimics ont plus d’un tour dans leur sac… Donc rien n’est joué d’avance. Et au moment où l’action pourrait tourner en rond et qu’on risquerait de ne plus se faire de bile pour Bill, une petite astuce scénaristique relance l’histoire rendant l’issue du conflit toujours incertaine et maintenant ainsi bien le spectateur en haleine.

L’histoire du film, originalement inspiré d’un light-novel (roman destiné à un public de lycéens et étudiants) japonais, a été pour l’occasion européanisée. L’action se déroule entre Londres, la France et l’Allemagne en faisant échos aux lieux clefs des deux derniers conflits mondiaux (bataille de Verdun et débarquement massif sur des plages françaises, cocorico, tout ça). Mais on sent bien la patte américaine dans le scénario. Après Die Hard: Belle Journée pour Mourir qui nous plaçait Grenoble en Suisse, on a maintenant Lyon qui serait sur la route du Nord de la France vers l’Allemagne. Bravo, bien joué les mecs. Et sinon, regarder une carte du lieu de l’action d’un film avant d’en écrire les dialogues, non ? Même pas un petit peu ? Bon, j’ai été touché que ma ville natale soit mise à l’honneur au détour d’une conversation mais si ça pouvait être fait proprement la prochaine fois (ils y arrivent bien dans Bridget Jones : L’Âge de raison), j’apprécierais.
Certains risquent de reprocher au film son manque de profondeur. Edge of Tomorrow, un film un peu ledge avec Tom en héros ? Quelque part, oui car le film mise avant tout sur la dimension spectaculaire offerte par l’histoire. N’espérez donc pas de réflexion métaphysique sur la destinée ou un quelconque effet papillon qui chamboulerait l’équilibre de univers. Ici, ce sont avant tout le fun et le divertissement qui priment.

Tom Cruise est bien évidemment excellent. Il se glisse encore une fois à merveille dans son personnage et jongle aisément dans les différents registres avec nuance. Il est autant crédible dans le registre du pleutre qui n’est pas à sa place et est dépassé par les événements que dans celui du super soldat dans lequel on a plus l’habitude de le voir évoluer. C’est donc d’autant plus drôle de le voir échouer dans bon nombre de situations dans lesquelles son personnage d’Ethan Hunt s’en sortirait les doigts dans le nez. Après Night and Day ou Tonnerre sous les Tropiques, l’acteur nous prouve encore une fois qu’il manie très bien l’autodérision. La craquante Emily Blunt en soldat bad-ass et sexy l’accompagne très bien en étant également investie dans son rôle de soldat modèle. Pour le reste du casting, je l’ai trouvé peu marquant.

Ce qui empêche le film de gagner un point est à mon sens son final.

SPOILER

Je reproche au film son happy end. Les 5 dernières minutes sont de trop. J’aurais préféré que Rita Vrataski et Bill Cage meurent vraiment après leur sacrifice final et que le film se termine ainsi. À mon sens, que seul le spectateur eût été conscient de leur héroïsme et de l’ensemble des épreuves traversées sans que le reste du monde ne le sache aurait eu plus d’impact. Je me demande si cette fin n’a pas été imposée par les studios. Quoi qu’il en soit, c’est dommage.

FIN DE SPOILER

Ah et puis sinon, pourquoi avoir choisi cette foutue soupe radiophonique en guise de musique de générique de fin? Déjà que la bande-originale n’est pas très marquante, ce n’était pas la peine d’enfoncer le clou…

En résumé, Edge of Tomorrow est un excellent film de S-F au concept (« Live. Die. Repeat. ») bien exploité et aux scènes d’action explosives. L’histoire, rythmée et prenante, n’est pas en reste. Le tout desservi par un Tom Cruise en pleine forme. Un bon coup de cœur.

Créée

le 30 mai 2014

Modifiée

le 1 juin 2014

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