Dans Edge of tomorrow, Cruise joue, pendant plus d'une heure, le rôle de la jeune recrue (le soldat Cage, parachuté sur les plages du D-Day), avant de devenir, après avoir vécu cent vies, un vétéran, qui regarde les images d’apocalypse défilant à la télévision en disant ironiquement : « J’y suis allé, et plus d’une fois ». A ce moment du film, Cruise incarne un personnage aussi anachronique que celui de Steve Rodgers dans le dernier Captain America : l’apocalypse à venir (le « tomorrow » du titre) ne le concerne plus. Ce qu’il veut, c’est restaurer le passé, rétablir symboliquement l’épopée américaine du XXe siècle. D’où l’importance du D-Day et le finale dans le musée du Louvre: d’une date symbolique à un lieu d’Histoire, Cage ne fait, dans le fond, que traverser le passé, il se bat moins contre des aliens que contre le temps. Car c’est bien le temps qu’il doit remonter pour restaurer l’épopée américaine, voire en étendre les limites.
On apprendra donc - via le personnage d'Emily Blunt - que les Américains ont participé à la bataille de Verdun.
Pour Cruise, la restauration du passé implique un retour aux années 80, temps de sa splendeur où il jonglait avec des cocktails derrière un bar (Cocktail), était le roi du billard (La Couleur de l'argent) ou de l'aviation (Top Gun). Est-ce un hasard s'il retrouve, dans la séquence finale, son grade de commandant en même temps que son sourire de jeune homme? On a presque l’impression d’être dans une scène de Top Gun. Cruise peut sourire : il a gagné une bataille symbolique, il a sauvé son image et, avec celle-ci, un peu de l'épopée américaine. Tout sera comme avant.