Je n'aime pas Tom Cruise. Je suis bouffi de préjugés sur ce type que je trouve au mieux cynique au pire imbécile. Mais je m'interdis (oula ! tu t'avances bien loin, camarade!)... j'essaie de m'interdire de faire du délit de sale gueule. Parfois c'est difficile, comme par exemple sur Jack Reacher. A d'autres moments, la tâche devient un peu plus facile. C'est le cas avec ce "Edge of tomorrow". J'ai un petit garçon de 10 ans qui aime bien les films de Tom Cruise (l'éducation, c'est plus ce que c'était, ma pauv' dame!) et la perspective de visionner ce film ne déclenchait pas une vague d'enthousiasme chez mézigue. Un jour sans fin futuriste et musclé avec le botoxé illuminé... mouais, on fait mieux comme programme alléchant. Donc, ces a prioris négatifs dans l'âme, j'ai commencé à suivre le film par la petite porte de derrière.

Or, peu à peu, sa structure répétitive, loin de m'ennuyer, s'est révélée intrigante. Je n'irais pas jusqu'à dire "passionnante", mais intrigante, oui. L'étonnement de découvrir un montage bien équilibré, sensé, une écriture, une mise en scène qui se marient bien, formant une bonne narration, cette surprise ne s'est jamais démentie. J'ai bien aimé cette histoire et je suppose que j'aurais plaisir à voir et revoir ce film pour son scénario.

Sur le plan formel, les effets spéciaux sont très corrects, mais il se dégage cependant une esthétique futuriste qu'on retrouve trop souvent dans les productions SF actuelles et qui finit par lasser maintenant. Je ne lui trouve pas le charme qu'on pourrait attendre à notre époque de ces performances numériques. Par instants, c'est même assez pauvre. Exemple typique de frustration visuelle : les dernières séquences dans un Louvre nocturne sont décevantes, trop sombres. Les détails sont illisibles. Ça va trop vite ou c'est trop éteint pour qu'on puisse profiter des décors apocalyptiques. Tout comme les plages du débarquement sans grandes nuances. Pour résumer : l'identité visuelle du film manque cruellement de personnalité. Et rétrospectivement, je reconnais davantage les mérites d'Oblivion, sa patte, son style, des environnements plus riches, plus percutants.

Autre surprise : l'évolution du héros joué Tom Cruise permet à l'acteur de montrer son talent. Ça me fait mal au popotin d'écrire ça, mais dans son registre (et donc là, il est plus élargi qu'à l'habitude), il est plutôt pas mal, sans exagération ni faiblesse remarquables.

Je ne suis pas sidéré par la prestation d'Emily Blunt. Autour d'eux, il n'y a guère de rôles suscitant grand intérêt.

C'est bel et bien dans la maîtrise du récit que je suis allé chercher mon plaisir de spectateur cette fois.
Alligator
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le 4 oct. 2014

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Alligator

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