Lorsque Michalik se met en tête de réaliser son Shakespeare in love à lui, personne ne veut financer son scénario. Alors il en fait une pièce qui récolte cinq Molière, énorme succès public et critique qui lui permet aujourd'hui de concrétiser enfin son rêve de cinéma. Il ne faut donc pas appréhender cet Edmond comme l'adaptation d'un manuscrit théâtral, mais comme la naissance sur le tard d'un vieux projet qui a d'abord dû faire ses preuves sur les planches pour convaincre les frileux producteurs.


Difficile pour autant, lorsque comme moi l'on a vu la pièce, de ne pas faire la comparaison. Et il est plutôt en faveur du film. On y retrouve le même esprit de troupe, la même profusion de personnages et de décors, le même joyeux bordel, le même texte qui parle des affres de l'artiste en pleine création et de l'amour qui l'inspire ou souffre de ses infidélités de poète, la même mise en scène virevoltante... Le côté parfois trop bruyant de la version théâtrale en moins, la reconstitution CGI de Paris un peu cheap en plus.


J'ai presque autant ri et ai été au moins autant ému par la scène du balcon et la mort de Cyrano, deux moments de la pièce qui me bouleversent à tous les coups - et qui m'avaient cueilli pareil dans l'adaptation moderne portée par Philippe Torreton au Théâtre de la Porte Saint-Martin en 2016.


Alors bien sûr, on pouvait dire... oh ! Dieu ! bien des choses en somme... Mais, simplement, et à l'image de son héros imaginaire : voilà un premier long métrage imparfait qui ne manque pas de panache !

AlexandreAgnes
8
Écrit par

Créée

le 11 janv. 2019

Critique lue 397 fois

4 j'aime

Alex

Écrit par

Critique lue 397 fois

4

D'autres avis sur Edmond

Edmond
Sergent_Pepper
7

Course en scène

Alexis Michalik l’a dit très tôt : sa pièce de théâtre, immense triomphe des saisons précédentes sur les planches, fut d’abord un projet cinématographique. Son adaptation à l’écran est donc à voir...

le 14 janv. 2019

53 j'aime

6

Edmond
Plume231
8

Et il tire sa plume !

Dans Edmond, Alexis Michalik (qui a adapté et réalisé lui-même le passage du théâtre au cinéma de sa pièce !) n'a nullement l'ambition de faire dans le biopic traditionnel, mais a choisi plutôt de...

le 12 nov. 2020

41 j'aime

9

Edmond
LADYA
5

EDMOND : Les Grosses Ficelles et l'éloge du Factice.

Nous ne ferons pas un procès en originalité à ce film, même si écrire sur la genèse imaginaire d'un chef-d’œuvre est un mode de mise en abyme assez fréquent (on pense à Shakespeare in Love qui était...

le 11 janv. 2019

36 j'aime

3

Du même critique

Au revoir là-haut
AlexandreAgnes
9

On dit décidément MONSIEUR Dupontel !

La Rochelle, 26 juin. Jour de mon anniversaire et de l'avant-première de Au revoir là-haut en présence d'Albert Dupontel. Lorsqu'il entre dans la salle à la fin de la projection, le public...

Par

le 27 juin 2017

53 j'aime

4

Mektoub, My Love : Canto uno
AlexandreAgnes
4

Si "le travelling est affaire de morale", ici le panoramique vertical est affaire de vice

Je n'accorde habituellement que très peu de crédit au vieux débat clivant qui oppose bêtement cinéma populaire et cinéma d'auteur (comme si les deux étaient deux genres définitivement distincts et...

Par

le 27 mars 2018

48 j'aime

19

Arès
AlexandreAgnes
6

Ne pas jeter bébé avec l'eau du bain

Voilà un long métrage qui, en apparence, accumule les défauts : une erreur monumentale dans le choix de la date dès le carton d'ouverture (l'action se situe dans un Paris post-apocalyptique...

Par

le 24 nov. 2016

43 j'aime